Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué, noyé par des militants du Front national

 Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram était tué, noyé par des militants du Front national

Plaque en mémoire de Brahim Bouarram, tué noyé par des militants du FN, le 1er mai 1995, posée aux abords du Pont du Carrousel.

Il y a vingt-huit ans, Brahim Bouarram, un Marocain de 29 ans, était tué par des militants du Front national…

Ce dimanche 1er mai 1995 est une belle journée ensoleillée à Paris. L’épicier Brahim Bouarram, père de deux enfants, marche tranquillement sur les berges de Seine, aux abords du pont du Carrousel du Louvre.

Trois skinheads venus manifester aux côtés du Front national pour l’hommage annuel à Jeanne d’Arc l’aperçoivent. Ils se ruent sur lui, l’agressent avant de le jeter dans la Seine. En quelques minutes, tout est plié : Brahim Bouarram meurt noyé.

Comme tous les ans, des associations de défense des droits de l’homme et des militants se sont rassemblés ce 1er mai au matin sur le pont du Carrousel à Paris. Pour rendre hommage à Brahim Bouarram et ne jamais oublier cet affreux et lâche assassinat.

« C’est à sa mémoire et à celles de toutes les victimes du racisme dans ce pays, en souvenir à la souffrance de leurs proches que nous nous rassemblons ici, sur le lieu du crime innommable, le 1er mai de chaque année », a rappelé dans un communiqué la Ligue des droits de l’homme (LDH).

« Vingt-huit ans plus tard, le racisme a aussi gangréné la société sous d’autres formes : la xénophobie, l’antisémitisme, l’islamophobie, la ségrégation, la relégation, les discriminations aux droits fondamentaux, la systématisation des contrôles au faciès, des violences policières », a encore précisé la LDH ajoutant que c’est « toujours sous d’autres formes que le racisme s’enracine, avec la montée des extrêmes droites et des droites extrêmes. »

« J’étais tout petit quand le drame est arrivé mais je m’en souviens encore. Et je m’en souviendrai toute ma vie », nous avait confié il y a quelques temps Said, le fils de Brahim Bouarram, 9 ans au moment du drame.

L’assassinat de Brahim Bouarram intervenait quelques mois après celui d’Ibrahim Ali, un jeune de 17 ans, abattu dans le dos à Marseille le 22 février 1995, d’une balle de calibre 22 long rifle, tirée par un colleur d’affiche du FN.

À une semaine du deuxième tour de l’élection présidentielle de 1995, la mort de Brahim Bouarram a eu un retentissement national. Deux jours plus tard, le président sortant, François Mitterrand, rendait hommage à la victime en jetant un brin de muguet dans la Seine, à l’endroit ou Brahim Bouarram s’était noyé. Ce même jour, une manifestation réunissait 12 000 personnes contre le racisme.

Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national déclarait peu après le drame : « Je regrette qu’un malheureux se soit noyé, mais dans une agglomération de 10 millions d’habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté ».

Rassemblement ce 1er mai 2023, en mémoire de Brahim Bouarram, tué, noyé par des militants du FN le 1er mai 1995, sur le lieu du crime, aux abords du pont du Carrousel, à Paris. Crédit photo : Nadir Dendoune
Crédit photo : Nadir Dendoune
Crédit photo : Nadir Dendoune

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