L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri de nouveau arrêté par l’armée israélienne
L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri a été de nouveau arrêté par l’armée israélienne dans la nuit de dimanche à lundi (6 – 7 mars) à son domicile de Jérusalem, a-t-on appris par son épouse Elsa Lefort.
Cette française, mère de deux enfants, vit en région parisienne, séparée de son mari, depuis que les autorités israéliennes l’ont expulsée d’Israël en 2016.
En octobre dernier, le ministère israélien de l’Intérieur avait annoncé la révocation du statut de résident permanent de Salah Hamouri. Il se pourrait donc qu’il soit expulsé de sa terre natale à tout moment.
L’acharnement des autorités israéliennes à l’encontre de Salah Hamouri ne date pas d’hier. Depuis vingt ans, elles tentent de le détruire. Salah Hamouri, Français par sa mère, Palestinien par son père, aujourd’hui âgé de 36 ans a grandi à Jérusalem. Il a été une première fois jeté en prison à l’âge de 19 ans, alors qu’il n’était qu’étudiant, pour son opposition à l’occupation israélienne en Palestine.
Puis de nouveau entre 2005 et 2011, accusé d’avoir voulu projeter une tentative d’assassinat à l’encontre d’un rabin ultra-orthodoxe ainsi que pour son supposé appartenance au FPLP (Front Populaire de libération de la Palestine). Salah Hamouri a toujours nié ces accusations. Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères avouera même quelques mois après la sortie de prison de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri que le « dossier d’accusation était vide ».
Libre, il épouse alors Elsa Lefort, une Française, avec laquelle il aura deux enfants. En 2016, enceinte, et munie d’un visa délivré par le consulat français, Elsa Lefort, de retour de vacances de Noël en France, sera expulsée de l’aéroport de Tel Aviv. Depuis ce jour, elle n’a plus jamais été autorisée à revenir en Palestine où elle vivait pourtant avec son mari.
Après sa sortie de prison fin 2011, Salah Hamouri a été placé plusieurs fois arbitrairement en détention administrative par les autorités israéliennes, puis relâché, sans jamais qu’aucun procès n’ait lieu. Lundi 18 octobre 2021, le ministère israélien de l’Intérieur a annoncé la révocation du statut de résident permanent de Salah Hamouri.
« Cette décision inique a été prise sous l’égide d’un nouvel amendement à une loi israélienne, passé en 2018, qui stipule que la résidence peut être révoquée à la suite d’une « violation d’allégeance à l’Etat d’Israël ». Je rappelle que Jérusalem est un territoire occupé depuis 1967, et que les personnes, comme mon mari, qui vivent sous occupation ne sont pas tenues d’être loyales envers la puissance occupante », nous confiait Elsa Lefort il y a quelques semaines.
Pour elle, les autorités israéliennes se servent du cas de son mari pour faire peur aux autres Palestiniens. « Elles disent « Regardez, il est Français, et ça ne le protège pas. Donc réfléchissez bien avant de vous engager contre l’Occupation ». Si mon mari représentait un danger véritable, il aurait été jeté en prison 20 ans », dénonce Elsa Lefort.
« Les autorités israéliennes sont clairement dans une logique de nettoyage ethnique en Palestine et en particulier à Jérusalem. Tout est fait pour que les Palestiniens partent », ajoute-t-elle. Selon l’ONG israélienne B’Tselem, depuis l’annexion de la ville par Israël en 1967, 15 000 Palestiniens ont perdu leur résidence à Jérusalem.
Elsa Lefort regrette également « l’inaction des autorités françaises ». « Depuis de nombreuses années, elles répètent qu’elles sont pleinement mobilisées pour que Salah mène une vie normale à Jérusalem et pour que sa famille, mes enfants et moi, puissent vivre à ses côtés. Ce sont, d’une part, des déclarations « hors-sol », pas un Palestinien ne mène une existence normale à Jérusalem ! Et d’autre part, on aimerait moins de déclarations, et plus d’actes. On attend toujours les résultats ».