Lauréate EMERGING Mediterranean #3 : Amira Irmal (Algérie)

 Lauréate EMERGING Mediterranean #3 : Amira Irmal (Algérie)

Amira Irmal, CEO et fondatrice de Mehan Houra (DR)

A l’issue du Digital Talk organisé par EMERGING Mediterranean, 5 lauréats ont vu leurs projets soutenus. Aujourd’hui, nous découvrons le parcours d’Amira Irmal, CEO et fondatrice de Mehan Houra. Cette plateforme algérienne contribue à mettre en relation les clients avec des artisans professionnels.

L’Algérie a de quoi être fière. Près d’un ingénieur sur deux est une femme (48,5%) comme nous le rappelions dans un précédent article (Femmes ingénieures : Le Maghreb au top mondial, l’OCDE au flop !). Ces chiffres impressionnants, parmi les plus hauts au monde, permettent au pays de la rive sud de la Méditerranée d’envisager des innovations dans les sciences et la tech.

Amira Irmal a choisi cette voie. Bien lui en a pris ! Elle a pu créer Mehan Houra avec l’aide de Mahi Zehor, également ingénieure et Abdallah Sellam, docteur-chercheur en intelligence artificielle. S’appuyant sur un réseau d’artisans de confiance, elle évite aux clients algériens les déconvenues d’une fuite, d’une mauvaise installation électrique ou d’un frigo en panne.

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Une carrière en Algérie et en Malaisie

Née à Alger en 1993, Amira Irmal suit des études scientifiques grâce à la famille de son père, férue d’électronique. Après sa prépa à Alger, elle intégre l’école polytechnique d’Oran en automatique. « Ce n’était pas mon choix au départ, indique Amira Irmal. Je voulais intégrer la médecine pour aider les gens mais j’ai pu commencer dans l’ingénierie et le domaine technique. C’était un challenge de partir dans une nouvelle ville. J’ai pu grandir d’un coup et j’ai été très soutenue par mon père. Ca m’a donné de la maturité car j’ai du apprendre à gérer mon budget, mes courses, etc… »

Durant ses études à Oran, elle participe aussi à des activités extra-scolaires dans l’entrepreneuriat. Diplôme en poche, c’est dans le domaine pétrolier qu’elle fait ses premières armes. La multinationale Schlumberger l’embauche après un speed dating avec des recruteurs. Elle travaille alors à Hassi Messaoud.

Expatriée ensuite pendant 2 ans en Malaisie, elle y apprend une culture différente. « Je retiens la diversité dans le monde du travail en Asie. La différence est aussi dans la vitesse que prend un projet en Malaisie. Cela m’a aidé à casser des barrières dans ma tête. De l’autre côté du globe, vous pouvez vous enregistrer au registre du commerce en 24 heures. Tous les moyens de soutien sont là. Auparavant, je n’osais pas commencer tant que le projet n’était pas finalisé. Dès mon retour en Algérie, je me suis dit qu’il fallait que j’ose. »

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Une plateforme pour rétablir la confiance entre artisans et clients

Prenant son courage à deux mains, elle crée sa société en octobre 2020. Son idée part d’un constat simple. En cas de travaux dans une maison, les clients souffrent pour trouver des artisans de qualité. L’application qu’Amira Irmal propose, consiste à les regrouper dans une seule plateforme, tout en assurant la qualité des services. « Nous répondons à l’accès aux artisans. Nous référençons ceux-ci avec des avis. Cela permet de rassurer les clients qui peuvent ainsi choisir en toute tranquillité. Nous renseignons aussi sur les matériaux à utiliser comme par exemple avec les fenêtres en PVC, double vitrage, isolantes, etc… »

Son choix est de faire de l’intermédiation. Amira Irmal vise à rétablir le lien entre les artisans et les usagers. « La méfiance existe. Des clients ont pu, par le passé, avoir des mauvaises expériences. Certains artisans ne maitrisent pas non plus la technologie. De plus, ils n’ont pas l’habitude d’utiliser les smartphones pour leur business. Il a fallu les sensibiliser. Nous avons travaillé avec les chambres d’artisanat pour les rassembler. Le digital ouvre des portes pour des opérations en BtoB également. »

Outre les recommandations, les artisans peuvent se former également en ligne à travers des certifications pour augmenter leurs employabilités. Un historique digitale donne aussi du recul pour choisir celui qu’il convient. Une touche féminine a été portée aussi sur l’application avec « Pink Pro » afin de rattacher les clientes et les professionnelles. « Notre application est le Linkedin des artisans algériens. »

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Un secteur numérique algérien qui rattrape son retard

Amira Irmal et Karim Brouri
Amira Irmal, CEO et fondatrice de Mehan Houra et Karim Brouri, qui gère l’incubateur Tek2Hub (DR)

Débutant avec des fonds propres atteignant 2 millions de dinars algériens, Mehan Houra envisage une levée de fonds prochainement. Incubée par Tek2Hub de Brenco Engineering, elle a pu bénéficier de l’expérience de son dirigeant, Karim Brouri. « C’est un homme de terrain et un entrepreneur. Son équipe nous a aidé dans la réflexion et l’aboutissement du projet. On peut douter ou avoir du mal à y croire. Ca fait du bien d’avoir des soutiens qui sont là pour nous. Personnellement, je n’ai pas constaté une différence entre les projets soutenus par des femmes ou des hommes. »

Récompensée par le statut de lauréate d’EMERGING Mediterranean, Amira Irmal a pu ainsi se sentir soutenue et se dit fière de l’engagement de la structure marseillaise à leurs côtés. Elle envisage aussi de postuler pour le label de projet innovant. « Nous allons faire une demande au ministère des startups en Algérie et au fonds d’investissement mis en place pour soutenir les projets. » Dans cette économie numérique algérienne en plein bouillonnement, Mehan Houra espère bien tirer son épingle du jeu.