Lanceurs d’alerte : L’amendement liberticide contre L214

 Lanceurs d’alerte : L’amendement liberticide contre L214

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L214 ne décolère pas ! Ce mercredi, un amendement déposé par les Républicains et adopté en commission par la majorité présidentielle, la droite et le Rassemblement National vise directement la liberté d’informer. Ainsi, il prive de réduction d’impôt les dons « aux associations dont les adhérents sont reconnus coupables d’actes d’intrusion sur les propriétés privées agricoles et établissements industriels. » Un moyen de faire taire les lanceurs d’alerte en tapant au portefeuille. Entretien avec Barbara Boyer, porte-parole de l’association L214.

Barbara Boyer, porte-parole de l'association L214
Barbara Boyer, porte-parole de l’association L214 (DR)

Le Courrier de l’Atlas : Quelle est la nature de cet amendement et en quoi est-il liberticide ?

Barbara Boyer (L214) : Cela fait plusieurs années que certains députés comme Marc Le Fur (Les Républicains) essaie de faire passer cet amendement. Il vise à retirer la réduction d’impôts sur les dons faits aux associations dont les adhérents « sont reconnus coupables d’intrusion sur les propriétés privées agricoles ». Nous sommes dans le collimateur de cet amendement ainsi que les associations de protection de l’environnement et de défense des animaux. Sur son blog, le député Le Fur nous nomme directement ! Depuis des années, les syndicats agricoles productivistes comme la FNSEA et les professionnels de la viande veulent un tel texte.

Le Courrier de l’Atlas : N’est il pas logique de condamner des intrusions sur des propositions privées ?

Barbara Boyer (L214) : C’est déjà le cas. Les intrusions dans les élevages sont déjà interdites. Elles sont déjà réprimées par le code pénal. Cet amendement visite juste à étouffer financièrement les associations pour nous empêcher notre travail. Nous savons que celui-ci dérange. Nos images et interpellations sur les conditions d’abattage créent des débats de société sur notre rapport aux animaux, notre modèle agricole et alimentaire. Ca fait avancer les choses avec l’interdiction du broyage des poussins, d’élevage de visons pour la fourrure,… Le but de cet amendement est d’entraver le travail d’information, qui relaie les lanceurs d’alerte.

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Le Courrier de l’Atlas : On se rappelle des actions gouvernementales contre Anticor il y a quelques mois. A t’on du mal avec les lanceurs d’alerte sur l’agriculture en France ?

Barbara Boyer (L214) : Cela fait plusieurs années que la FNSEA s’inquiète des travaux des associations de protection des animaux. Il trouve là un écho à leurs revendications. On a pu le voir à travers la cellule Demeter créée en 2019 entre le ministère de l’intérieur, la gendarmerie et le syndicat privé, la FNSEA. Pour l’instant, son activité de suivi des « actions de nature idéologique » est à l’arrêt grâce au tribunal administratif de Paris. Nos actions montrent l’envers du décor. On essaye de brider notre travail d’information.

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Le Courrier de l’Atlas : Comment peut-on agir face à cet amendement ?

Barbara Boyer (L214) : On a fait un communiqué de presse commun avec la maison des lanceurs d’alerte. On appelle à la mobilisation des associations et des politiques. Ce procédé est anti démocratique. Les citoyens doivent interpeller leurs élus. Des discussions se tiendront en séance plénière. Les élus doivent intervenir pour qu’il ne passe pas. C’est un danger pour la liberté d’informer. C’est la parole des lanceurs d’alerte pour montrer les dysfonctionnements, qui est en jeu.

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