Lamia Aamou : L’innovation au coeur et aux tripes
La franco-marocaine, responsable innovation et recherche au sein d’Innovation Labs Urbanopolis du groupe RATP est volontaire et déterminée. Elle accompagne les porteurs de projets à créer dans la mobilité et notre vie quotidienne. Aussi présidente de la commission Partenariat du Groupement du Patronat Francophone, elle n’oublie pas, pour autant, son Maroc natal.
On dit souvent que la curiosité est un mauvais défaut, mais pas pour tout le monde ! Lamia Aamou a su en faire sa force. Espiègle, elle a su développer très jeune une fascination pour la découverte et la nouveauté. Même avec un simple fruit, la quadragénaire native de Casablanca voulait en savoir plus. « A l’image des poupées russes, j’ouvrais le noyau d’une pêche pour voir s’il n’y avait pas quelque chose de supplémentaire à l’intérieur (rires). J’adore les expériences et me voyais dans un laboratoire. J’ai développé une soif de comprendre que ce soit la nature, les sciences ou toutes sortes de mélanges.»
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Casablanca, Er-Rachidia, Agadir,…
Sa quête perpétuelle de sens, elle la doit à des parents « nomades » intellectuels. Son père ingénieur dans le secteur minier décédé en 2017 et sa mère expert-comptable et enseignante, inoculent à leur fille le virus du voyage, du savoir et de l’ailleurs. Casablanca, Er-Rachidia, Agadir,… Elle apprend à apprécier son pays dés son plus jeune âge.« Cela m’a permis de sortir de ma zone de confort et d’apprécier la nouveauté. Avec le voyage, la peur s’estompe. Le Maroc est très divers. Du Nord au Sud, on a affaire à plusieurs cultures, langues ou coutumes qui changent.»
Dans la capitale du Souss Massa Draa, elle se forme en informatique. L’ordinateur acheté par ses parents l’a convaincu de l’intérêt de ce secteur. D’un stage sur la vente de matériel, elle se spécialise dans le CD Rom, alors encore à ses balbutiements au Maroc. La région se dote alors d’hôtels et d’infrastructures touristiques. Lamia Aamou propose la mise en place de ce support pour sa promotion. De l’étude à l’édition, elle lance sa société et met en place une belle base de données sur ce patrimoine culturel, touristique et humain.
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L’amour de et à Paris
A 23 ans, elle doit effectuer le pressage à Paris. Elle découvre la ville-lumière qui la fascine encore. De ce parcours de voyages, elle en tirera un livre « Immigration, mon amour » chez JDH Editions, écrit après le décès de son père. Une autobiographie touchante et émouvante d’une femme marocaine prise d’une sorte de prémonition d’amour pour Paris, comme le décrirait Joséphine Baker dans sa chanson. « Quand j’ai atterri à Orly, je me suis senti chez moi. C’est indescriptible. Dés que j’y ai posé un pied, j’ai eu l’impression que j’étais dans l’endroit où je vivrais ma vie et où il se passerait de grandes choses pour moi. Mon amour a été double : j’ai aimé la ville et rencontré mon mari. »
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Métro, boulot, nouveau
Installée à Paris, elle quitte l’indépendance de l’entrepreneuse pour le salariat ce qui n’est pas pour lui déplaire. « On se construit en opposition. Dans ma famille où l’on entreprend souvent, j’aspirais à autre chose. Tout est possible et quand quelque chose ne marche pas, on peut passer à une nouvelle activité. Il ne faut jamais renoncer ! »
Elle intègre alors la RATP au service de la maintenance informatique. Bien lui en a pris ! Au fur et à mesure que la société se développe et s’internationalise, Lamia Aamou touche à plusieurs domaines de l’entreprise. Formation, sécurité des transports, développement de l’I. T., innovations. « Nous sommes les seuls à avoir une expertise de 100 ans dans les mobilités. On maitrise les technologies de transport en commun, participe à leur conception, les modernise et les réhabilite. On sait rentabiliser la mobilité et associer la notion de territoire et de besoins de la population. »
Un groupe aux multiples activités
Un groupe que l’on connaît surtout pour les transports franciliens. Installée dans 14 pays, dont le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie, la RATP, c’est aussi le métro de Johannesburg, de Sidney ou les bus de Djeddah et de la Mecque. « On ne se rend pas compte à quel point on est en avance à Paris. On râle mais dans certaines villes du monde, un déplacement de dix kilomètres peut représenter 10 heures de transport. »
On en oublierait presque que le groupe est tentaculaire. Il participe aux télécommunications (1er fournisseur de fibre optique avec 800 kilomètres sous terre), aux logements sociaux ou à l’innovation. C’est dans ce champ de compétences que Lamia Aamou participe activement à voir naitre de nouvelles fonctionnalités. « Nous sommes toujours sur la brèche. Nous avons plein d’espaces inexploités pour lesquels nous cherchons des nouvelles opportunités. Notre investissement dans Cityscoot les a aidé à se développer. On a racheté Mappy, créé des applications mobiles et des plans interactifs. On prospecte aussi en ce moment, avec une trentaine de groupes, sur le taxi volant et les engins à décollage vertical. C’est passionnant ! »
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L’innovation en étendard
Présidente de la commission partenariat du Groupement de Patronat Francophone (GPF), elle aime associer les compétences et faire des mix de technologies. Forte de sa forte capacité à la nouveauté, elle accompagne les start-ups à aller plus loin sans faire pour autant du nationalisme technologique. « Je suis une accoucheuse. J’aime chercher le disruptif. L’innovation est dans mon ADN. Je ne suis pas juste la French Tech car cela serait pénalisant. Je suis aussi Morroco Tech par exemple.»
Hackatons, sélection de start-ups, financement,… Lamia Aamou au sein du GPF participe aussi à la création d’expérimentation sur les territoires d’excellence. Cette volonté de coopération au niveau francophone donne un coup de boost à l’innovation, surtout aux silos industriels. Son goût pour l’humain devrait lui permettre de développer un peu plus son aura internationale. Fière de son parcours, Lamia Aamou est apaisée avec son histoire. Elle prépare pour la fin de l’année, un deuxième opus sur sa démarche de femme innovante et déterminée.