L’Algérie retire à France 24 son accréditation dans le pays

 L’Algérie retire à France 24 son accréditation dans le pays

Moncef Aït Kaci, correspondant de France 24 en Algérie qui a couvert les élections de juin 2021, avait été arrêté et placé en détention pendant 24 heures en juillet 2020.

L’Algérie a décidé dimanche de retirer son accréditation à France 24 en raison de son « hostilité manifeste et répétée ». La décision arrive après des menaces du pouvoir qui reproche à la chaîne d’informations sa couverture du Hirak.

Le ministère de la Communication motive le retrait de l’accréditation de France 24 en Algérie par « le non-respect des règles de la déontologie professionnelle, la désinformation et la manipulation ainsi qu’une agressivité avérée à l’égard de l’Algérie ». Cette décision survient au lendemain d’élections législatives anticipées marquées par un fort taux d’abstention.

Le gouvernement algérien avait adressé le 13 mars « un dernier avertissement avant retrait définitif » de son accréditation à France 24. Il mettait en cause la « couverture des marches du vendredi », une référence aux manifestations du Hirak, le mouvement populaire de contestation du régime.

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La chaîne d’informations, qui a encore couvert samedi les législatives en direct d’Alger, a réagi en soirée en se disant étonnée « de ne pas avoir reçu d’explication » sur ce retrait des accréditions de ses correspondants.

« Notre couverture de l’actualité algérienne se fait dans la transparence, l’indépendance et l’honnêteté », a dit France 24 dans un message lu à l’antenne. Interrogé par l’AFP, le ministère français des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire.

 

Bureaucratie et opacité au service du pouvoir

Le 13 mars, France 24 avait déjà répondu faire son « travail le plus honnêtement possible ». Selon son directeur Marc Saikali, la chaîne faisait son « travail de journalistes dans le respect des règles en vigueur ». En juillet 2020, Moncef Aït Kaci, correspondant de France 24, et le caméraman Ramdane Rahmouni avaient été placés en détention préventive avant d’être libérés 24 heures plus tard. Le même journaliste a récemment couvert le scrutin législatif pour le service français de France 24.

Depuis des années, les médias étrangers travaillant en Algérie doivent se conformer à une procédure d’accréditation bureaucratique, opaque et aléatoire. Le directeur de l’Agence France-Presse (AFP) pour l’Algérie, Philippe Agret, nommé en octobre 2019, n’a jamais obtenu d’accréditation des autorités. Aucun motif n’a été fourni à ce sujet.

 

Affaiblir le Hirak

De plus, les conditions de travail ont toujours été difficiles pour les journalistes algériens. Une situation aggravée par larépression du Hirak par les autorités. Né en février 2019 d’un rejet d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, président aphasique, le mouvement s’est poursuivi malgré l’éviction de M. Bouteflika et de son clan, puis l’élection d’un nouveau chef de l’État, Abdelmajdid Tebboune.

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Le Hirak réclame le démantèlement du système de gouvernance en place depuis l’indépendance en 1962. Les autorités affirment en revanche qu’elles ont satisfait les principales revendications du mouvement.

Après avoir boudé la présidentielle de fin 2019 puis le référendum constitutionnel de fin 2020, la population algérienne s’est de nouveau détournée des urnes lors des législatives organisées samedi pour tenter d’affermir la légitimité du gouvernement. Selon des chiffres officiels, le taux d’abstention a avoisiné les 70 %.