La Tunisie épinglée par l’Agence mondiale antidopage
C’est une grave sanction qui a surpris le secteur sportif et l’opinion nationale en Tunisie : le drapeau tunisien ne sera pas autorisé à être levé aux Jeux olympiques et le pays ne devrait plus pouvoir accueillir de championnats régionaux, continentaux ou mondiaux, du moins jusqu’à nouvel ordre. Explications.
A quelques encablures seulement de la tenue des Jeux olympiques 2024 à Paris en juillet prochain, les autorités sportives tunisiennes pourraient ne pas avoir le temps de réagir à temps. L’Agence mondiale antidopage (AMA) a ainsi confirmé le 30 avril la non-conformité de la Tunisie au Code mondial antidopage et a aussitôt annoncé une liste de sanctions contre le pays.
Jusqu’à ce qu’il soit en mesure d’être réintégrée par l’AMA, la Tunisie ne devrait plus pouvoir accueillir de championnats régionaux, continentaux ou mondiaux, et le drapeau tunisien ne sera pas autorisé à être levé aux Jeux olympiques et paralympiques. Dans un communiqué, l’agence explique que la décision de non-conformité, « définitive » et « avec effet immédiat » à l’encontre de la Tunisie, résulte de « son incapacité à mettre pleinement en œuvre la version 2021 du Code mondial antidopage au sein de son système juridique ».
La sanction est déjà tombée aux 16èmes Championnats d’Afrique en Angola, où la Tunisie fut privée de drapeau après avoir remporté le bronze :
Attentisme et absence de contestation côté tunisien
Pourtant, le pays disposait bien de quatre mois à partir de novembre 2023 pour adopter « un certain nombre de modifications aux textes législatifs et règlementaires » pour se conformer au code du cadre juridique tunisien. Cependant, début avril, « les non-conformités n’étaient toujours pas résolues », constate l’AMA et l’Organisation nationale tunisienne antidopage (ANAD) « n’a pas contesté » l’allégation de non-conformité de l’AMA.
Sise à Montréal, l’Agence souligne que trois autres organisations sont non-conformes au Code mondial antidopage : le Comité national olympique de l’Angola, l’agence russe antidopage et la Fédération internationale de fitness et de bodybuilding (IFBB), sans surprise pour cette dernière.
Pointé du doigt pour sa léthargie et son manque d’esprit d’initiative sous le mandat autoritaire du président Kais Saïed, l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche, s’est fendu d’un communiqué au contenu plutôt vague hier 1er mai, face à l’ampleur de la polémique.
Récusant toute incompétence ou manquement, le texte verse dans le déni en assurant avoir respecté les engagements internationaux en la matière, tout en réclamant « le respect de la souveraineté » de la Tunisie en la matière, ce qui peut paraître plutôt absurde s’agissant de conventions signées par l’Etat tunisien au même titre que l’ensemble des signataires. Plus loin, le même texte reprend des éléments de langage complotistes chers à l’actuel pouvoir en se plaignant de mystérieuses « parties intérieures » qui propageraient des intox tout en les rendant responsables de cette situation.