La Tunisie entend rattraper son retard en matière de 5G et d’IA

 La Tunisie entend rattraper son retard en matière de 5G et d’IA

Sofiene Hemissi

Si la feuille de route pour le déploiement de l’infrastructure de la cinquième génération de réseaux mobiles (5G) en Tunisie est prête depuis la mi-2023, notamment en partenariat avec le géant chinois Huawei, ce n’est que ce weekend que le ministre des Technologies de la Communication, Sofiene Hemissi, optimiste, a annoncé que le déploiement officiel du réseau 5G en Tunisie est prévu pour janvier 2025. Qu’en est-il de la faisabilité de ce calendrier ?

Entamer le déploiement du réseau 5G à l’horizon début 2025 est-il un échéancier réaliste, surtout après tant d’atermoiements et d’arlésiennes ces derniers mois, et au moment où plusieurs pays africains, dont le Ghana ce mois-ci, disposent d’une 5G fonctionnelle ? Evoquant ce dossier en marge du 10eme Forum international des Directeurs des Systèmes d’Information (DSI), qui se tenait du 7 au 9 novembre 2024 à Hammamet, le ministre a fait savoir que son département « se penche actuellement sur les toutes dernières phases de dépouillement des offres présentées par les trois opérateurs de télécommunications », tout en assurant que la commercialisation des services 5G sera lancée au début de l’année 2025, sans davantage de précisions.

Tunisie Telecom, Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie avaient pour rappel officiellement déposé leurs dossiers de candidature le 23 septembre dernier.

 

Implanter l’IA dans l’administration

Revenant sur la stratégie nationale qui vise à renforcer le rôle pionnier du secteur numérique, le ministre a souligné qu’elle s’articule autour d’un ensemble d’axes, dont la numérisation des services administratifs et publics, le développement de l’économie numérique, l’appui à l’innovation et l’entrepreneuriat dans les domaines numériques, l’amélioration de l’infrastructure des réseaux de communication et le renforcement du cadre législatif et réglementaire pour sécuriser le cyberespace.

Il a ajouté que la stratégie nationale de l’intelligence artificielle est également « quasiment achevée », rappelant que son objectif est de valoriser les atouts de la Tunisie dans ce domaine, dont les compétences humaines, l’infrastructure et le cadre juridique adéquat. Pourtant, à plusieurs reprises, le président de la République Kais Saïed n’a pas manqué de diaboliser l’IA la considérant comme « un danger pour l’Humanité ». Son gouvernement aura donc fort à faire pour dédiaboliser la chose.

D’après la même source, la stratégie nationale s’attèle par ailleurs à développer les usages de l’intelligence artificielle dans les domaines du transport, de l’agriculture, de la santé et de l’éducation. « La Tunisie envisage le renforcement du programme d’appui aux startups, en facilitant aux porteurs de projets l’accès au financement et en leur permettant de participer aux appels d’offres publics », a encore indiqué Hemissi, se prévalant du fait que ledit programme a permis à ce jour la création d’environ 1100 startups accréditées par le programme Startup Act 2.0.

A cet égard, il a fait savoir que la Tunisie se classe parmi les meilleurs pays en Afrique en matière de baromètre numérique et d’indicateurs numériques, particulièrement en ce qui concerne les indicateurs relatifs à l’infrastructure, le développement de l’administration électronique et la protection du cyberespace. Une ombre au tableau subsiste néanmoins, la Tunisie demeure en bas du classement mondial s’agissant du débit de connexion internet. Le pays était ainsi classée en janvier 2024 par Speedtest.net au 40e rang parmi les pays africains et 168e au niveau mondial en termes de débit de connexion internet.