La situation politique en Tunisie objet d’une plénière au Parlement européen

 La situation politique en Tunisie objet d’une plénière au Parlement européen

La situation politique en Tunisie sera à l’ordre du jour d’une séance plénière du Parlement européen qui se tiendra demain mardi 19 octobre à partir de 15h00.

Intitulé « Tunisie : pour un dialogue inclusif en vue de surmonter la crise politique » un communiqué du Parlement européen estime que « le système démocratique de la Tunisie est menacé en raison de l’absence de séparation des pouvoirs ». Il précise à cet effet qu’une résolution concernant la situation politique en Tunisie sera soumise au vote lors d’une deuxième séance programmée quant à elle pour le jeudi 21 octobre.

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« Le Parlement européen devrait appeler le Président tunisien Kaïs Saïed à ouvrir un dialogue avec les principaux partis politiques du pays et les représentants de la société civile pour mettre fin à la crise politique en Tunisie », peut-on y lire par ailleurs.

Ainsi l’institution parlementaire européenne considère que le Président Saïed « détient actuellement presque tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, après avoir remercié le Premier ministre et suspendu le Parlement en juillet 2021. En septembre, il a par ailleurs suspendu la Constitution du pays via un décret présidentiel », rappelle-t-elle.

 

Réaction de Carthage

Comme il l’avait fait s’agissant des débats du Congrès américain sur le même sujet, le président Kais Saïed s’emploie depuis le 15 octobre à devancer ladite plénière. A défaut de diplomatie proactive capable de défendre la direction que prend le pays, c’est cette fois le chef de l’Etat qui a reçu un appel téléphonique du Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell.

Le président Saïed assure avoir expliqué à cette occasion les raisons qui ont motivé les mesures exceptionnelles prises en juillet et septembre derniers. Mais sur le plan national, ces justifications, qui entrent dans le détail des affaires intérieures de la Tunisie, peinent à convaincre jusque dans les rangs des pro Saïed.

Le président y indique en effet que, dans sa mansuétude, les opposants qui « organisent de fausses manifestations rémunérées » ont été traités avec « une très grande souplesse », et que les décisions d’assignation à résidence ont été levées. Des propos qui signifient que le Palais ne peut concevoir l’existence même de protestations spontanées contre sa politique.

Dans son communiqué, le Parlement européen revient également que le fait que « Saïed ait nommé un nouveau gouvernement par décret, dirigé par Najla Bouden Romdhane, première femme à occuper le poste de Premier ministre », faisant observer toutefois que « le Président a réduit de façon significative les pouvoirs du gouvernement et dirigera techniquement l’administration lui-même ».

« La crainte est de plus en plus grande que les divisions politiques ne dégénèrent en affrontements violents entre camps rivaux », met en garde enfin le Parlement européen, qui indique que des milliers de Tunisiens ont manifesté dernièrement dans les rues en faveur et contre les mesures d’exception décrétées par Kaïs Saïed.

Vendredi, l’Union européenne a livré sa propre version de l’entretien téléphonique de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, avec Kais Saïed. Borell y a appelé à un prompt retour à l’ordre constitutionnel en Tunisie « via un calendrier bien défini », ainsi qu’au respect de l’état de droit.