La situation à Gaza met la rue tunisienne en ébullition
Pour la troisième journée consécutive, des manifestations au cœur du centre-ville de Tunis, Avenue Bourguiba, rassemblent des milliers de Tunisiens en colère en ce jeudi 19 octobre. Des citoyens rassemblés autour de l’universelle cause palestinienne comme jamais ils n’ont été réconciliés par la politique nationale.
Noir de monde comme on ne l’avait plus revue depuis plusieurs années, cette artère névralgique de la capitale tunisienne voit défiler depuis ce matin plusieurs vagues de lycéens, activistes, syndicalistes de l’UGTT, députés, hommes politiques ou encore de simples citoyens venus crier leur rage notamment suite aux images révoltantes de l’hôpital anglican bombardé dans la bande de Gaza ayant fait des centaines de victimes.
Eloquentes, les images des manifestations en vue du dessus donnent à voir la taille impressionnante de la foule compacte qui ne désemplit pas à la mi-journée. Si bien que certains observateurs comparent le déluge humain aux scènes de la matinée du 14 janvier 2011, lorsque des Tunisiens avaient renversé le régime de feu le dictateur Zine El Abidine Ben Ali.
Situé à quelques encablures des lieux, les employés de l’Institut français de Tunisie situé à l’avenue de Paris ont été évacués par crainte pour leur sécurité. Même inquiétude des autorités concernant l’ambassade des Etats-Unis en Tunisie située dans les Berges du Lac de Tunis, où un imposant dispositif policier a été déployé, y barrant l’accès.
Deux journalistes tunisiennes de Canal+ démissionnent
Par ailleurs, sur le front médiatique, les journalistes tunisiennes Amani Oueslati et Achwak Hannachi ont annoncé hier mercredi 18 octobre leur démission de la chaîne d’information française Cnews, relevant du bouquet Canal+, propriété de l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Elles invoquent des divergences dans la ligne éditoriale du média « depuis le déclenchement du conflit gazaoui le 7 octobre dernier ».
Un geste symbolique qui a fait des émules auprès de plusieurs de leurs confrères, dont Bassam Bounenni, reporter tunisien à la BBC britannique, qui a évoqué les mêmes raisons pour son départ de la chaîne.
Une vague de démissions qui soulève cependant aujourd’hui un débat éthique controversé au sein de la profession, Taoufik Mjaied (France 24) incitant ses confrères à « raison garder », des départs massifs étant susceptibles de nuire à l’équilibre des rédactions en termes de différences de points de vue.
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