Running : Cours Dalila, cours…

 Running : Cours Dalila, cours…

Crédit photo : Quentin Doussaud


MAGAZINE JANVIER 2018


A 56 ans, Dalila Louati n’a rien perdu de son esprit de compétition. L’athlète tunisienne vient de courir l’Ultra Mirage, dans le désert tunisien, et prépare son prochain défi : les championnats du monde vétérans d’athlétisme qui se tiendront l’an prochain à Malaga, en Espagne. 


“Je ne cours pas pour le plaisir, je cours pour gagner ”, assume cette championne. En 1991, elle a été la première Tunisienne à remporter un marathon. Elle fut aussi la première femme arabe à participer aux 120 kilomètres dans le désert libyen en 1998. Durant la course, à la tombée de la nuit, elle s’était perdue pendant dix heures, mais s’est néanmoins classée 4e !


En octobre dernier, lors de la première édition de l’Ultra Mirage, une course de 100 kilomètres dans le Sud tunisien, elle s’est de nouveau égarée…“pendant 5 kilomètres, seulement cette fois”, plaisante-t-elle. Bien que peu entraînée, elle finit tout de même dans le Top 10 féminin. “C’était une expérience magnifique ! J’ai fait de belles rencontres, mais c’était très dur à cause de mon manque de préparation à ce type d’épreuves, de la forte chaleur… et de ma peur des serpents. Pour ­autant, je n’ai pas abandonné parce que j’ai un moral d’acier et que je vais toujours jusqu’au bout.”


 


“Quand je cours, je n’ai en tête que le drapeau tunisien”


“La course à pied, j’ai ça dans le sang”, explique l’athlète qui a grandi au sein d’une famille de grands sportifs. Son père et son frère, tous deux disparus aujourd’hui, ont été champions de boxe. Sa maman, quant à elle, était une nageuse émérite. C’est donc très jeune que ­Dalila Louati, née en 1961 dans la banlieue de Tunis, bascule dans la compétition. Et elle n’a que 12 ans quand elle devient championne de cross en Tunisie. “Quand je cours, je n’ai en tête que le drapeau tunisien. Je le ­visualise flotter dans le ciel”, confesse-t-elle, émue aux larmes.


La quinqua est aujourd’hui installée en région parisienne, où elle exerce la fonction d’îlotière. Sa fille, sportive elle aussi, a remporté le titre de vice-championne d’Ile-de-France 2017 en boxe française.


Si petite, elle rêvait de devenir la sportive de haut niveau qu’elle est devenue, aujourd’hui, Dalila Louati vise le bronze, voire mieux, aux prochains championnats du monde vétérans d’athlétisme qui se dérouleront en Espagne, à Malaga, en septembre 2018. “J’aimerais que résonne l’hymne de la Tunisie”, revendique celle qui a toujours eu le même message à l’attention de ses concitoyennes : “Quel que soit votre âge, sortez, allez courir ou faire un autre sport qui vous convient. Habib Bourguiba nous a octroyé la liberté. Utilisez-la ! Votre place n’est pas derrière les fourneaux. Ce cri, je l’adresse à toutes les femmes arabes”, conclut l’athlète. Message reçu.


La suite de la série :


Intro de la série Sport : Courir, c'est ultra tendance


Patrick Bauer, des kilomètres de dunes et un grain de folie


Les frères Ahansal, princes du désert


Rachid el Morabity prend le relais