Les frères Ahansal : Les princes du running dans le désert

 Les frères Ahansal : Les princes du running dans le désert

Lahcen Ahansal lors de la 22ème édition du Marathon des Sables (crédit photo : Pierre Verdy/AFP)


MAGAZINE JANVIER 2018


Pendant deux décennies, Lahcen et Mohamad Ahansal se sont partagés les victoires au Marathon des Sables. Nés dans une modeste famille de la tribu des Ait Atta, au sud du Maroc, orphelins de père, les deux frères ont rayonné sans partage sur l’ultra-trail. 


“J’ai couru par – 10 °C en Islande et sous 60 °C en Iran.” A 44 ans, Mohamad Ahansal en a fait du chemin ! Le bonhomme parcourt 20 kilomètres au réveil. “Courir, c’est la vie. On se rend compte à quel point on a de la chance d’être en bonne santé.” Le mythe des deux frères a pris naissance durant le Marathon des Sables (MDS), l’un des trails en autosuffisance alimentaire les plus difficiles au monde (lire p. 56). Une compétition dans laquelle Lahcen, l’aîné, a su entretenir une saine émulation avec son cadet, ­Mohamad. Depuis 1997 et la première victoire de Lahcen avec 30 minutes d’avance sur ses concurrents, jusqu’à la dernière victoire de Mohamad, en 2013, c’est le règne incontesté des frères aux deux premières places du classement. Pourtant, en avril dernier, pour la 32e édition du MSD, une transmission de témoin s’est établie entre frères de sang marocain. Une nouvelle saga s’écrit, cette fois avec les El Morabity. D’abord avec Rachid, qui triomphe pour la cinquième fois (voir encadré) devant son frère Mohamed. Egalant ainsi la performance du cadet des Ahansal, qui plus est son ancien mentor ! “Je l’ai formé et conduit à son premier Marathon des Sables. Mais il doit encore gagner une fois et finir dix fois deuxième pour me dépasser”, sourit le quadra. Depuis, Mohamad et Lahcen continuent de courir pour le plaisir et organisent des trails. Comme le Trans Atlas, dont la 6e édition se tiendra du 4 au 14 mai. “On repère ainsi de nouveaux athlètes”, confie Mohamad.


 


Des courses “plus propres”


En parallèle de leurs exploits sportifs, nombre d’anecdotes se bousculent. Des histoires à raconter, les deux frères n’en manquent pas. Comme à l’occasion du MDS de 1991, où Lahcen, alors âgé de 20 ans, ôte sa gandoura à chaque départ et se met à participer à la course… mais sans dossard. Largement en avance, il s’arrête à une centaine de mètres de l’arrivée pour laisser passer le coureur derrière lui, lequel portait un dossard officiel… Un exploit remarqué par Patrick Bauer, l’organisateur de la course (voir p. 56), qui l’encouragera à participer “officiellement”. L’histoire lui donnera raison.


Désormais, et sans doute un peu grâce aux deux frères, le trail est une activité en plein essor dans le Royaume où une vingtaine de courses sont organisées chaque année. “Des magasins spécialisés avec chaussures et équipements ont vu le jour. On trouve de tout pour courir au Maroc maintenant”, se réjouit Lahcen, qui soulève un autre volet de leur engagement : l’écologie. Depuis 2008, il milite pour des courses “plus propres”, pointant les sacs en plastique abandonnés dans les dunes. “Ça s’est beaucoup amé­lioré depuis la COP22 à Marrakech.” Des progrès qu’il espère voir se concrétiser dans les trails à venir.  


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Cours Dalila, Cours


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