AREEJ ABUHAMMAD, de nouveaux traitements médicamenteux grâce au cristal
Originaire de Jordanie, elle a créé le premier laboratoire de cristallographie des protéines dans son pays. La pharmacologue travaille à la mise au point de traitements médicamenteux, notamment contre la maladie veineuse.
Areej Abuhammad a la force tranquille des êtres surdoués. Abonnée dès l’âge de 7 ans à des revues de vulgarisation scientifique, major de la promotion de bacheliers scientifiques du district de Sahab, en 1994, la Jordanienne sent très tôt que la recherche s’impose à elle comme une évidence. A l’image de ses deux frères, l’un devenu ingénieur, l’autre mathématicien. “Moi, j’ai toujours été subjuguée par les mystères de la matière vivante”, explique-t-elle.
Cette passionnée de physique, de chimie et de biologie choisit sans hésitation la pharmacologie à l’université, où elle se spécialise dans la recherche de médicaments. “Faute d’outils de laboratoire à la faculté, nous recourions aux simulations sur ordinateur”, se souvient-elle.
En 2008, l’étudiante postule avec succès aux prestigieuses universités britanniques de Cambridge et d’Oxford pour préparer son doctorat. Son choix se porte finalement sur la seconde. Son laboratoire de biologie moléculaire est dirigé par Elspeth Garman, une des pionnières en cristallographie des protéines, science à laquelle elle va s’initier durant quatre ans. Un tournant dans son parcours.
De retour en Jordanie, à la faculté de pharmacie, la scientifique, désormais professeure assistante en chimie médicinale et conception de médicaments, élabore un projet pour créer dans son pays le premier laboratoire de cristallographie des protéines consacré à la découverte de traitements. “Il a fallu chercher les financements et monter une équipe”, raconte-t-elle. Emballées, les autorités jordaniennes financent la majorité des 170 000 euros nécessaires à la création de sa structure.
Vaincre l’obésité, le cancer, la tuberculose…
Aujourd’hui, Areej Abuhammad dirige une équipe de quatre chercheurs : “Nous travaillons actuellement à la conception d’un nouvel inhibiteur sélectif de la métalloprotéinase matricielle 9, impliquée dans la dégradation tissulaire entraînant la formation de varices.” Grâce à la cristallographie des protéines (lire l’encadré ci-dessous), l’équipe jordanienne ambitionne de mettre au point de nouveaux traitements contre la maladie veineuse chronique, mais aussi d’autres pathologies, comme l’obésité, le cancer, la tuberculose ou encore le syndrome respiratoire du Moyen-Orient.
Sous l’impulsion de l’ambitieuse Areej Abuhammad, la Jordanie, nation de moins de 10 millions d’habitants, apporte ainsi sa contribution à la recherche médicale dans le monde.
LA CRISTALLOGRAPHIE, UNE FORMIDABLE BOÎTE À OUTILS
La cristallographie aux rayons X des protéines permet l’étude de leur structure tridimensionnelle pour en comprendre les fonctions. Il s’agit de caractériser les mécanismes enzymatiques des sites actifs, ces zones permettant d’agir avec d’autres protéines partenaires. Le défi : améliorer des cibles thérapeutiques et découvrir de nouvelles molécules bioactives.
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