Gaëlle Van der Maslow : « Mettre en place une veille citoyenne et policière »

 Gaëlle Van der Maslow : « Mettre en place une veille citoyenne et policière »


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Cette citoyenne montpelliéraine a cofondé il y a un an et demi le collectif Citoyens & Policiers, lequel regroupe civils et membres des forces de l’ordre. Son objectif : œuvrer pour le rapprochement entre population et police. 


Votre collectif constate une rupture entre citoyens et policiers. Comment l’expliquer ?


La rupture n’est pas totale. Elle ne concerne que les personnes qui sont quotidiennement en contact avec la police. Elle n’est pas ressentie par une grande partie de la population qui n’a rarement, voire jamais, affaire aux forces de l’ordre. Un fossé se creuse entre ceux qui participent aux mouvements sociaux et ceux qui les encadrent. Beaucoup de manifestants ont le sentiment d’être confrontés non pas à des policiers mais à des robots. Les personnes vivant dans les quartiers populaires, qui sont complètement ghettoïsés, sont, elles aussi, en rupture avec les forces de l’ordre. C’est la conséquence des politiques publiques mises en place depuis des années.


 


Les policiers partagent-ils ce constat ?


Ils n’ont pas forcément tous la même vision des choses. Elle est variable selon les services dans lesquels ils travaillent et leur affectation. La vision d’un CRS (compagnie républicaine de sécurité) diffère de celle d’un membre de la police judiciaire parce qu’ils ne sont pas confrontés aux mêmes situations. Mais les policiers qui s’investissent dans notre collectif, ainsi qu’une partie de leurs collègues, partagent globalement notre constat.


 


Les initiatives politiques portées par les différents gouvernements semblent inefficaces…


Les politiques publiques en vigueur aujourd’hui ne sont que des pansements placés pour masquer un problème plus grave. Les élus délaissent les questions de fond. Elles ne sont pas compatibles avec le calendrier électoral. Ils veulent faire des réformes qui marquent la population, mais changer les mentalités, ça demande vingt ou trente ans de travail. Aucun politique n’a envie de dépenser de l’énergie pour qu’un autre ramasse les lauriers. Nous essayons de leur faire comprendre qu’ils ont un intérêt à construire. Notre rôle, c’est aussi de dire qu’il faut se bouger, qu’il existe des solutions.


 


Justement, quelles solutions proposez-vous pour faire évoluer les choses ?


Nous nous voyons comme des médiateurs. Nous aidons les différents partis à se rencontrer. Cela signifie amener les policiers dans des associations ou les citoyens dans l’univers des forces de l’ordre. Concrètement, nous souhaitons mettre en place une veille citoyenne et policière, un outil de réflexion au service de notre cause. L’institution serait autonome, mais soutenue par l’Etat, au même titre que le défenseur des droits. Notre collectif serait un outil de lobbying aux services de différents pôles. Ces derniers réuniraient des spécialistes, des policiers, des citoyens et aussi des associations partenaires pour travailler sur des thématiques spécifiques : les relations entre la police et la population dans les quartiers populaires, les politiques de maintien de l’ordre, la façon de mieux protéger les policiers et les civils qui dénoncent les abus. L’idée est de créer ce type de pôles un peu partout sur le territoire : les problématiques ne sont pas les mêmes à Paris, Montpellier ou Grenoble. 


 


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