Benoit Hamon doit achever sa mue
LA SERIE POLITIQUE : LA GAUCHE ET LA BANLIEUE
Désormais “M1717”, l’ex-candidat PS à l’élection présidentielle souhaite répondre de façon “horizontale” aux problématiques des classes populaires. Son rapport décomplexé à la banlieue est un atout. Reste à traduire la sympathie dont il bénéficie en adhésion à son projet.
MAGAZINE NOVEMBRE 2017
“Je me sens légitime à parler au nom de ceux qui appartiennent à ces quartiers populaires. Je veux travailler sur ces questions de service public, d’égalité des droits, pas me contenter simplement d’aller faire des jolies formules en citant IAM sans avoir jamais écouté de rap de ma vie. Moi, je n’instrumentalise pas les quartiers populaires.” Lancée à La Courneuve le 12 avril dernier, la tirade est bravache. Benoît Hamon se paye-t-il de mots quand il s’agit de banlieue ? “Il est l’un des rares qui sache parler aux habitants des banlieues d’égal à égal, sans regard
paternaliste ni excluant. Et il a bien identifié la problématique de stigmatisation dont souffrent ces quartiers”, assure au contraire Naïma Charaï, élue de la région Nouvelle-Aquitaine, “hamoniste” de longue date et figure du M1717, le mouvement lancé par Benoît Hamon le 1er juillet.
“Il a pâti de son étiquette socialiste”
De fait, l’ex-élu de Trappes jouit dans les quartiers d’une image moins dégradée que bien d’autres politiques. Une anecdote a marqué la séquence électorale et les esprits : prénommé “Bilal” par “la fachosphère”, Hamon avait assumé ce “très joli nom”, lors d’un meeting, le 26 janvier à Montreuil (93). Prenant ainsi le contre-pied des propos outrés de Fillon et de Juppé, rebaptisés, eux, “Farid” et “Ali”. “Il a un rapport aux quartiers, aux gens qui y vivent et au multiculturalisme qui est très naturel. Son expression sur le modèle culturel de société, sur le thème de la laïcité par exemple, m’a plus rapproché de lui que de Mélenchon”, résume de son côté le Toulousain Salah Amokrane, engagé à ses côtés durant la campagne. Reste que Benoît Hamon n’a pas fait le plein dans les quartiers et dans les banlieues lors des élections au printemps dernier, échouant même à être réélu député dans sa circonscription des Yvelines. “Il a pâti de son étiquette socialiste, ça a joué en sa défaveur”, assure Naïma Charaï.
Un acte fondateur le 2 décembre
La page PS semble bel et bien tournée : le 6 octobre, Benoît Hamon annonçait son départ du groupe socialiste de l’Assemblée régionale francilienne pour créer un “nouveau groupe écologique et solidaire” avec EELV. Et le M1717 devrait formaliser, le 2 décembre, la mue du mouvement, son nouveau nom et ses orientations à venir. “Ce sera un acte fondateur”, s’enthousiasme Naïma Charaï. Quelle place pour la banlieue dans ce nouvel agenda politique ? “Il a un grand respect pour les quartiers et il n’y a donc pas de traitement différencié. Mais, par exemple, là où les taux de chômage sont élevés et la jeunesse largement exclue de l’insertion sociale, le revenu universel peut être un élément de réponse apporté aux personnes en situation de précarité. Il y aura des réponses plus spécifiquement liées aux problématiques des classes populaires, mais nous ne le ferons pas de manière verticale. L’idée, c’est de construire avec les habitants des quartiers.” Une promesse d’horizontalité pas vraiment nouvelle. Là aussi, Hamon devra faire ses preuves.
LA SUITE DE LA SERIE POLITIQUE : LA GAUCHE ET LA BANLIEUE
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