Rap, 30 ans déjà : Des ténors sans majors

 Rap, 30 ans déjà : Des ténors sans majors

Crédit photo : Thomas Samson/AFP – Presse


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Niska, numéro 1 du Top singles durant plusieurs semaines avec “Réseaux”, en est l’exemple frappant : le rap inonde le classement des meilleures ventes musicales en France, malgré le désintérêt des médias grand public. Il s’est même découvert de nouveaux circuits de promotion


Autrefois, il était pratiquement impossible pour un rappeur de percer sans être diffusé sur les ondes de Skyrock, “LA” radio référence en matière de musiques urbaines à l’époque. Idem sans un passage à la télévision, ou sans être signé par une maison de disques. Mais ça, c’était avant ! Aujourd’hui, un artiste peut réussir à émerger tout seul et ­atteindre une certaine notoriété très ­rapidement. L’avènement d’internet a révolutionné l’industrie musicale, que ce soit dans la consommation ou la ­promotion de la musique. Symbole de cette mutation, le marché numérique a même dépassé pour la première fois le marché physique de la musique au premier semestre 2017, réalisant 55,1 % du chiffre d’affaires global, selon une étude réalisée par Ipsos Connect.


 


Fini l’appui des gros du circuit


Un son qui frappe, une vidéo qui devient virale sur les réseaux sociaux, et vous voilà propulsé tout en haut de l’affiche. Aux rappeurs de réussir à surfer sur le buzz et à fidéliser leurs nouveaux fans. Pour Niska, l’ascension a été fulgurante. Le rappeur d’Evry se fait connaître en 2015 avec son Freestyle PSG où il effectue sa fameuse danse “Matuidi Charo”, reprise par le footballeur lui-même pour célébrer ses buts. Tout le monde en parle, c’est l’emballement et le chanteur de 23 ans additionne à présent deux disques de platine.



PNL et Jul peuvent, eux, se targuer d’avoir percé en indépendants. Sans l’appui d’une grosse maison de disques, les deux frères de la cité des Tarterêts (à Corbeil-Essonnes) ont réussi l’exploit d’obtenir un double disque de platine (200 000 exemplaires), suivis d’un disque de diamant (+ 500 000), sans donner la moindre interview, allant jusqu’à envoyer un singe à leur place pour leur promo sur Skyrock.


 


Créer son propre média


Qu’on aime ou pas Jul, force est de constater son incroyable productivité et son indéniable réussite. Le Marseillais peroxydé a sorti sept albums, tous disques de platine, et a largement dépassé le milliard de vues sur sa chaîne YouTube ! Il enchaîne les projets à vitesse grand V et offre même des titres gratuits à son public avec lequel il entretient quotidiennement un lien à travers ses pages Facebook, Twitter, Instagram et Snapchat, les nouveaux supports de communication des rappeurs, passés maîtres en la matière.


Poids lourd du rap game hexagonal, Booba a créé sa radio, un site web et même une chaîne TV, déclinés sous le sigle OKLM. Objectif : offrir plus de visibilité à ses confrères, à mille lieues des clashs dont il alimente souvent la rubrique. Dans ce même esprit, les artistes n’hésitent plus à collaborer afin d’établir un système vertueux. Les featurings sont nombreux, adieu la défiance donc, et bonjour la connivence. A l’instar du Duc de Boulogne (le surnom de Booba, ndlr), Sofiane met lui aussi en lumière son art dans l’émission Rentre dans le cercle, diffusée sur le Net. Signe de l’évolution des temps, les rappeurs sont ­devenus leurs propres médias.  



La suite de la Série Musique :


Akon, le rappeur philanthrope


Demi-portion, le sourire et la plume


Rap, Esprit es-tu là ?