Ramzi Allouache : « On veut créer un « Google » sélectif de l’e-santé »
Fondateur de Beesens, une plateforme collaborative qui traite des questions de l’e-santé, le franco-algérien est à la tête d’une communauté de 400 experts. Il permet ainsi au grand public d’accéder aux dernières informations de qualité des innovations dans le secteur de la santé.
Comment avez-vous intégré le monde médical ?
J’ai presque envie de dire que “je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit”. Mon père a créé le service de cancérologie de l’hôpital Mustapha-Pacha à Alger, le plus grand du pays. Ma mère est pharmacienne et mon oncle est un chercheur, neurochirurgien, primé pour ses travaux sur Parkinson. Pour ma part, je me suis orienté vers des études de management et d’affaires internationales tout en gardant un œil sur la médecine.
Vos études vous ont donc poussé vers le numérique…
Tout à fait. J’étais chef de projet dans plusieurs sociétés de services informatiques. Il y a quinze ans, j’étais déjà dans l’enjeu du collaboratif. Mon but : faire en sorte que des institutions partagent des informations. Or les acteurs ne voulaient pas ou ne pouvaient pas le faire correctement. Aujourd’hui, on se trouve au cœur du phénomène inverse. On traverse une période d’“infobésité”, noyés dans l’information via internet et les réseaux sociaux. Les plus pertinentes se retrouvent d’ailleurs rarement sur les deux premières pages des moteurs de recherche. Les gens se fient aux buzz et aux algorithmes qui ne remplaceront jamais la décision humaine. Pire, 70 % des contenus partagés sur les réseaux sociaux ne sont pas lus par les personnes qui les partagent !
C’est de ce constat que vous lancez Beesens dans le domaine sensible de la santé.
Il faut un filtre, un entonnoir. Alors, j’ai créé ma propre communauté d’experts (médecins, juristes, patients, institutions) afin de disposer des personnes adéquates pour vérifier l’information, la corriger et la mettre en avant. Après quinze ans de salariat, j’ai donc investi 30 000 euros et trouvé des associés en France et en Algérie. Une partie du travail est faite en Algérie. Les informations sont vérifiées, upgradées et supprimées si elles ne sont pas fiables. On veut créer une sorte de “Google” sélectif des informations sur la santé numérique, mais aussi produire et vulgariser des informations pertinentes dans ce domaine, avec des synthèses.
Quelle est la différence entre Beesens et Doctissimo ?
Doctissimo parle de la santé. Nous, parlons de la santé numérique. Notre but, c’est de trouver les bons outils numériques, les innovations, les applications mobiles, les objets connectés qui vont aider l’usager à améliorer sa santé. Nous faisons le tri en toute indépendance.
Comment garantissez-vous cette indépendance ?
Nous n’avons pas de pub. Notre business model est basé sur l’abonnement (à 120 euros l’année) et sur les notes de synthèse que nous fournissons. Nous espérons atteindre 10 000 membres à la fin 2019. Notre plus gros potentiel est la francophonie et notamment l’Afrique. Le continent peut bénéficier de l’e-santé plus que de la santé. Il existe des consultations à distance, des applications pour détecter des glaucomes, ou pour rappeler les vaccins à faire, qui réduisent drastiquement le coût médical. Le téléphone étant très présent en Afrique, on peut détecter les problèmes en amont.
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