Mohammed Boumediane : « Les données, nouveau pétrole des entreprises »

 Mohammed Boumediane : « Les données, nouveau pétrole des entreprises »

Mohamed Boumediane (crédit photo : Ziwit)


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Surnommé “le cauchemar des hackers”, le fondateur de Ziwit, leader européen de la cybersécurité basé à Montpellier, a acquis une renommée mondiale. Parmi ses clients : des sociétés du CAC 40 et des gouvernements. 


Votre travail se rapproche-t-il finalement de celui des hackers ?


Il est important de distinguer les “black hats”, mal­intentionnés, des “white hats”, qui ont une certaine éthique et avertissent les principaux concernés s’ils détectent une anomalie. Pour faire simple, notre technologie, HTTPCS*, nous permet de reproduire le comportement des “white hats” plusieurs milliards de fois par jour. Nous décelons des failles et nous alertons notre client. Avec des experts en sécurité informatique en interne pour ­tester notre propre technologie.


 


Où en est la France en matière de cybersécurité ?


La création de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), en 2009, a marqué un tournant dans le domaine. De nombreux débats ont aussi permis à la France de rattraper son retard. La mise en place de directives européennes, comme la réglementation GDPR (General Data Protection Regulation), qui vise à protéger les données des citoyens, a comblé le vide législatif qui existait. Cette nouvelle ­réglementation oblige les Etats membres de l’Union européenne à exiger des entreprises un niveau de ­sécurité renforcé pour protéger leurs données.


 


Que doivent faire les entreprises européennes pour respecter cette réglementation, qui entrera en ­vigueur en 2018 ?


On a travaillé avec les eurodéputés pour répondre à ces nouvelles exigences : les entreprises devront prouver qu’elles utilisent des technologies de cybersécurité en externe, car elles ne peuvent pas être juge et partie. En Europe, Ziwit est la seule à disposer de tous les certificats nécessaires pour y répondre. Ce niveau d’exigence n’est pas nouveau. De nombreuses ­entreprises cotées en Bourse devaient déjà suivre des réglementations strictes. Elles avaient bien intégré que les données appartiennent au patrimoine de l’entreprise. L’exemple de la cyberattaque sur Yahoo!, en 2013, est éloquent : après le piratage de milliards de comptes, la valeur de l’entreprise s’est ­effondrée, permettant ainsi à Verizon, spécialiste des télécoms aux Etats-Unis, de racheter le géant du web américain. Car, aujourd’hui, les données sont le nouveau pétrole des entreprises.


 


Comment faire pour mieux se protéger ?


C’est une course permanente. Il faut être le premier à se mettre à l’abri. Pour ce faire, les entreprises ont plusieurs options : soit assurer leur propre sécurité, soit la déléguer à des prestataires spécialisés. Et les grands groupes préfèrent faire appel à des petites structures. Cela leur revient moins cher et leur permet de se ­décharger de cette lourde responsabilité.


 


Vous êtes Franco-Marocain. Quels liens entretenez-vous avec le Royaume ?


Professionnellement, je n’ai pas hésité à financer des projets au Maroc. J’accompagne des entreprises marocaines et africaines dans leur développement en cybersécurité. Le Royaume est comme une mère pour moi, je suis attaché à mes racines et la France est en quelque sorte mon épouse, j’en suis amoureux. Je crois que ma double culture est une grande richesse et une force qu’il faut mettre en avant. Je suis fier et heureux de rencontrer des Maghrébins qui réussissent.


 


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