Documentaire : Le monde arabe sous un nouvel angle

 Documentaire : Le monde arabe sous un nouvel angle

crédit photo : Felix Kalkman


MAGAZINE JANVIER 2018


Rendez-vous majeur de la scène documentaire internationale, le Festival international du film documentaire d’Amsterdam (Idfa), s’est tenu du 15 au 26 novembre. Au cœur de la programmation, un zoom consacré aux nouvelles représentations d’une région trop souvent réduite au cliché. 


Plus qu’un rendez-vous de cinéma, l’Idfa est une plateforme d’expression où de nombreux sujets sont abordés à travers des perspectives nouvelles et différentes. C’est l’occasion pour des réalisateurs venus de 70 pays de la planète de partager leurs histoires et leurs regards sur leur société. Depuis sa création en 1987, le festival a su refléter les enjeux liés à une époque, comme la chute du communisme et le démantèlement de l’Union soviétique durant ses premières années d’existence.


 


Autre chose que “les tirs et les bombardements”


C’est dans ce sens que l’édition 2017 a créé un programme spécial intitulé : “Changer de perspectives : le monde arabe”. “Nous avions envie de proposer d’autres visions [de cette région] en dehors des images de bombardements et de tirs qu’on voit tous les jours dans les médias”, justifie Isabel Arrate Fernandez, sa responsable. Durant trois jours, 16 films ont été diffusés, suivis de discussions avec les équipes de réalisation. “L’intérêt est de se rendre compte qu’on ne sait pas tant de choses que ça sur ce qu’il se passe dans le monde arabe, et que notre vision est souvent façonnée par un point de vue européen, poursuit l’organisatrice. Ce programme est l’occasion de découvrir des histoires racontées par des hommes et de femmes qui offrent de nouvelles perspectives.” En 2016, cette section était consacrée aux traces laissées par le colonialisme.


Parmi les films sélectionnés en 2017, quatre nouveautés, dont Black Stones, d’Usama Ghanoum, qui nous plonge au cœur d’un hôpital syrien durant le siège de la ville d’Homs, ou Amal, de l’égyptien Mohamed Siam, projeté lors de la cérémonie d’ouverture. Ce dernier a été conçu avec le soutien de l’Idfa Bertha Fund, un fonds destiné à stimuler et favoriser l’émergence de documentaires créatifs en Afrique, Asie, Amérique latine, Moyen-Orient et dans certains pays de l’Europe de l’Est (lire page ci-contre). Amal raconte l’histoire d’une Egyptienne qui voit son adolescence bouleversée par la révolution de 2011. Le réalisateur nous fait vivre la transformation de la jeune fille, ses craintes, ses luttes, sa quête d’identité, dans un pays en pleine transition.


Voilà qui donne le ton de l’édition 2017 rythmée par des conflits présents ou passés, traités à travers des regards nouveaux. Parmi eux : The Other Side of Everything, de Mila Turajlić, qui a remporté le prix du meilleur long-métrage. La réalisatrice serbe y dresse le portrait de sa propre famille et mène une réflexion sur les traces, encore visibles, laissées par la guerre civile dans son pays.


 


Des sujets intenses et variés


La mention spéciale du jury a été décernée à une production suédoise The Deminer, coréalisée par Hogir Hirori et Shinwar Kamal. Le film se déroule en Irak, où l’on suit Fakhir, un soldat irakien, qui, pour sauver des vies, devient expert en déminage. De nombreux autres sujets ont été explorés, notamment celui de la montée de l’extrême droite avec le film Golden Dawn Girls, de la norvégienne Håvard Bustnes. Une immersion édifiante sur les femmes aux commandes du parti néonazi Aube dorée, en Grèce.


Cette fois encore l’Idfa aura prouvé qu’au-delà de leurs impacts culturels les documentaires tiennent un rôle essentiel dans la représentation et la compréhension des enjeux de société. 


 


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