Documentaire arabe : l’autre vision du réel

 Documentaire arabe : l’autre vision du réel

Les Rolling Stones et Martin Scorsese lors de l’ouverture de la 58e Berlinale (crédit photo : Sean Gallup /Getty Images / AFP)


MAGAZINE JANVIER 2018


Avec le documentaire, on quitte le tsunami du “tout news” pour laisser son imaginaire parcourir la “petite histoire”, laquelle alors devient grande. Historique, animalier, sociétal, économique, le genre défend d’autres regards, sincères et singuliers. Il donne aussi un sens au monde dans lequel nous vivons. Et les grands réalisateurs ne s’y trompent pas. L’immense Martin Scorsese, cinéaste de fictions incroyables, s’y est aussi attaqué, notamment dans la musique. C’est en partie grâce à lui que Trances, le film d’Ahmed El Maânouni, produit par Izza Génini, sur le groupe marocain Nass El Ghiwane, a pu être restauré. Sans omettre son documentaire sur les Stones (Shine a Light), en 2008, que Godard avait déjà filmés en 1968 (One +One). Conter une époque, raconter un bout de notre histoire contemporaine pour laisser un legs aux générations futures, telle est l’ambition du documentaire.


Pourtant, nous avons, dans les pays arabes, un regard biaisé sur notre réel, que nous ne mettons que rarement en valeur. Un rapport à l’image que nous avons du mal à appréhender à sa juste valeur, voire à accepter. Comme le dit le réalisateur et producteur palestinien, Mohanad Yaqubi, “c’est le moment de changer les connaissances de masses”. Un avis que l’on ne peut que partager.


Si les Palestiniens sont les plus sensibles et les plus ­actifs sur la question du réel, le mouvement se démocratise. Il n’est pas rare de voir des films du monde arabe participer aux plus grands festivals, comme celui d’Amsterdam (International Documentary Film Festival), qui a consacré une session à ce genre. Une attention portée à ces œuvres qui attirent désormais d’autres festivals et ouvrent les portes aux financements pour de jeunes réalisateurs qui ont envie d’exprimer la réalité de leur pays.


 


Un miroir grossissant


Car, finalement, le documentaire est un miroir grossissant de notre monde. Et ce n’est pas le réalisateur algérien Merzak Allouache qui nous contredira. Dans son dernier opus, Enquête au paradis, il évoque l’éden imaginaire d’Algériens de tous bords. Réchauffement climatique, disparitions d’acteurs de l’histoire, ­situation sociale qui dégénère… Ne laissons plus nos pays sans images, sans visages. Nous devons offrir la possibilité aux réalisateurs de se mettre au travail et réclamer à nos chaînes de défendre le genre ! L’éducation passera par la force de ces films que nous pourrons transmettre aux générations futures.


 


 


La suite du Dossier Cinéma : Le documentaire, une autre vision du réel


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