La Fondation de l’Islam de France menacée de disparaître
Huit ans après avoir vu le jour, la Fondation de l’Islam de France (FIF) est aujourd’hui menacée de disparaître, faute de financement. Son président Ghaleb Bencheikh tire la sonnette d’alarme.
A son lancement en 2016, quelques mois après les attentats qui ont ensanglanté la France, les objectifs de la FIF étaient très clairs : d’une part, permettre au grand public de mieux connaître l’Islam à travers son histoire et sa civilisation, donc d’en avoir moins peur, et d’autre part, donner une autre grille de lecture aux musulmans, notamment la jeunesse, tentée par l’extrémisme.
Huit ans plus tard, son président Ghaleb Bencheikh regrette le manque de soutien de la part de l’Etat. « Le Président Macron avait pourtant annoncé que la Fondation allait être dotée d’un fonds de 10 millions d’euros, mais on n’a rien vu », soupire l’islamologue qui a succédé à l’ancien ministre de l’Intérieur socialiste Jean-Pierre Chevènement à la présidence de la Fondation.
Preuve que les temps sont durs, la Fondation pourrait déménager dans quelques mois dans des locaux plus petits et dans un quartier moins chic que le 7e arrondissement où la FIF était logée depuis ses débuts.
« Si d’ici un mois, il n’y a pas une mobilisation pour qu’on puisse sortir la tête de l’eau, on n’aura pas d’autres choix que de mettre la clef sous la porte », alerte Ghaleb Bencheikh.
Un désastre, selon lui, qui rappelle l’utilité de la Fondation. « Le pays est au bord de la guerre civile avec des crispations identitaires de tous les côtés. Toute l’année, nous organisons des conférences où nous n’hésitons pas à confronter nos points de vue pour faire refluer le salafisme. Si notre Fondation disparaît, plus personne ne fera ce travail essentiel », s’alarme Ghaleb Bencheikh.
Autre action de la FIF : l’octroi de bourses à des imams « afin qu’ils ouvrent leur horizon », mais aussi à des étudiants en thèse de doctorat en islamologie, « qu’ils soient musulmans ou non musulmans », rappelle le président.
Tout au long de l’année, la FIF développe des projets culturels, éducatifs et sociaux. Son but : consolider la concorde nationale en contribuant à la construction d’un Islam de France ancré dans la société française, dans les principes et les valeurs républicains. Elle vise également à lutter contre les préjugés et l’ignorance en montrant notamment les liens intimes et étroits entre l’histoire de la France et celle de l’Islam.
Pour ne pas disparaître, le président de la FIF lance une souscription ainsi qu’un appel aux dons à destination de tous ceux qui croient en l’avenir de la Fondation et l’utilité de ses actions. « C’est notamment possible en adhérant à la société des amis de la Fondation, la SAFIF« , précise-t-il.
« Si cette société d’amis devient une association de masse avec des milliers d’adhérents, alors la Fondation pourra de nouveau fonctionner normalement », table Ghaleb Bencheikh qui rappelle néanmoins que « l’Etat demeure attendu en termes de soutien et de financement, aux côtés des mécènes privés, car rien n’est plus grand que d’éduquer les citoyens de demain et de nourrir la paix civile et l’amitié civique ».