La famine est elle plus meurtrière que le Covid-19 ?

 La famine est elle plus meurtrière que le Covid-19 ?

Un enfant souffrant de malnutrition

Devant l’ampleur inattendue de la pandémie Covid-19, le combat contre le virus est devenu la principale priorité des pays riches pour éviter la catastrophe au niveau de leurs systèmes de soins. Alors que dans les régions les plus fragiles de notre monde, se profile une autre crise plus meurtrière, celle liée à la famine ou à la malnutrition sévère, avec toutes les répercussions néfastes qu’elle peut avoir sur la santé des populations… 

Le 26 avril 2020, David Beasly, le directeur général du PAM (Programme alimentaire mondial), agence des Nations unies, a lancé un cri d’alarme : « Nous sommes au bord d’une pandémie de la faim qui va s’ajouter à la pandémie du virus. »

Arif Hussain, économiste principal au PAM, auteur d’un rapport publié par l’agence le 21 avril 2020 sur le sujet, a affirmé que « 21.000 personnes meurent chaque jour dans le monde des causes liées à la faim et ce, avant la pandémie. » C’est beaucoup plus important que les décès quotidiens par le Covid-19. Et suite à la pandémie, ses conséquences économiques vont faire exploser la mortalité pour cause de famine.

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Plusieurs raisons à la famine

Le PAM estime que le nombre de personnes touchées par la famine va passer en 2020 de 135 à 265 millions de personnes, dont l’essentiel se trouve en Afrique. Malheureusement, la pandémie accentue la précarité, et ce pour de multiples raisons :

– Le confinement adopté par la majorité des pays qui prive les populations vulnérables des pays pauvres ou en voie de développement où les filets sociaux sont quasiment inexistants, de revenus leur permettant de subvenir à leurs besoins élémentaires et vitaux comme s’alimenter.

– Les fermetures des frontières aériennes et terrestres qui paralysent tout mouvement de marchandises. L’essentiel des avions-cargos est mobilisé pour le transport de matériel médical, des médicaments, des produits de soins et des masques.

– Les ruptures dans les chaînes logistiques d’approvisionnement menant à la destruction de produits alimentaires qui ne peuvent être conservés. Et en Europe, à défaut de main d’œuvre agricole importée de l’étranger, confinement oblige, beaucoup de produits agricoles pourrissent dans les champs alors que des gens meurent de faim à travers le monde.

– Le retour au protectionnisme et au repli sur soi : 2.8 milliards de personnes dans le monde se nourrissent chaque année de riz, blé, maïs et soja. Face à la pandémie et son corollaire, l’insécurité sanitaire et économique, plusieurs pays gardent chez eux leurs stocks, largement excédentaires, de produits alimentaires. D’ores et déjà, la Russie et le Kazakhstan pour le blé, et le Vietnam pour le riz, ont décidé l’interdiction d’exporter ces produits.

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S’il ne doit pas y avoir de hiérarchie dans les vies humaines, la crise Covid que le monde connaît actuellement ne doit pas cacher les autres pandémies qui sont encore plus meurtrières à travers la planète : la malaria (500.000 morts par an), le sida (770.000 morts en 2018), la famine…

Face à ces pandémies, il faut espérer que les gouvernants et gouvernés ne vont pas s’enfermer dans des modèles de souverainisme destructeur et vont plutôt tirer les bons enseignements pour mettre en œuvre de nouveaux paradigmes mettant l’humain, quelle que soit sa position géographique, la solidarité internationale et la coopération multilatérale au cœur des modèles de sociétés humaines à venir. Ce sera le meilleur vaccin contre toutes les pandémies.