La détention administrative de Salah Hamouri prolongée de trois mois

 La détention administrative de Salah Hamouri prolongée de trois mois

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. ABBAS MOMANI / AFP

Mauvaise nouvelle pour les proches de Salah Hamouri. Un nouvel ordre militaire par un juge israélien a été émis ce dimanche 5 juin, prolongeant de trois mois la détention administrative de cet avocat franco-palestinien de 33 ans qui devait s’achever ce lundi. « C’est leur cadeau d’anniversaire de mariage » a ironisé Elsa Lefort, son épouse. Il y a huit ans, jour pour jour, les deux se mariaient à Ramallah.

 

« Toujours sans jugement ni charge, basé sur un dossier secret  auquel ni Salah ni ses avocats n’ont accès, sa détention arbitraire est donc prolongée. Cette nouvelle décision inique témoigne de l’acharnement absolu des autorités israéliennes contre Salah et du manque d’action évident de la diplomatie française », a réagi son comité de soutien.

Il y a trois mois, Salah Hamouri avait  été de nouveau arrêté par l’armée israélienne à son domicile de Jérusalem. L’acharnement des autorités israéliennes à l’encontre de ce trentenaire ne date pas d’hier.

Depuis vingt ans, elles tentent de le détruire. Salah Hamouri, français par sa mère, palestinien par son père, aujourd’hui âgé de 36 ans a grandi à Jérusalem. Il a été une première fois jeté en prison à l’âge de 19 ans, alors qu’il n’était qu’étudiant, pour son opposition à l’occupation israélienne en Palestine. Puis entre 2005 et 2011, accusé d’avoir voulu projeter une tentative d’assassinat à l’encontre d’un rabbin ultra-orthodoxe ainsi que pour son supposé appartenance au FPLP (Front Populaire de libération de la Palestine).

Salah Hamouri a toujours nié ces accusations. Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères avouera même quelques mois après la sortie de prison de Salah Hamouri que le « dossier d’accusation était vide ».

Libre, il épouse alors Elsa Lefort, une Française, avec laquelle il aura deux enfants. En 2016, enceinte et munie d’un visa délivré par le consulat français, Elsa Lefort, de retour de vacances de Noël en France, sera expulsée de l’aéroport de Tel Aviv. Depuis ce jour, elle n’a plus jamais été autorisée à revenir en Palestine où elle vivait avec son mari.

Après sa sortie de prison fin 2011, Salah Hamouri fut placé plusieurs fois en détention administrative par les autorités israéliennes, puis relâché, sans jamais qu’aucun procès n’ait lieu. Lundi 18 octobre 2021, le ministère israélien de l’Intérieur a annoncé la révocation du statut de résident permanent de Salah Hamouri.

« Cette décision inique a été prise sous l’égide d’un nouvel amendement à une loi israélienne, passé en 2018, qui stipule que la résidence peut être révoquée à la suite d’une « violation d’allégeance à l’Etat d’Israël ».  Je rappelle que Jérusalem est un territoire occupé depuis 1967, et que les personnes, comme mon mari, qui vivent sous occupation ne sont pas tenues d’être loyales envers la puissance occupante », nous confiait Elsa Lefort il y a quelques mois (voir nos éditions).

Pour elle, les autorités israéliennes se servent de son mari pour faire peur aux autres Palestiniens. « Elles disent « Regardez, il est Français, et ça ne le protège pas. Donc réfléchissez bien avant de vous engager contre l’Occupation ». Si mon mari représentait un danger véritable, il aurait été jeté en prison 20 ans », dénonce encore Elsa Lefort.

« Les autorités israéliennes sont clairement dans une logique de nettoyage ethnique en Palestine et en particulier à Jérusalem. Tout est fait pour que les Palestiniens partent. Selon l’ONG israélienne B’Tselem, depuis l’annexion de la ville par Israël en 1967, 15 000 Palestiniens ont perdu leur résidence à Jérusalem », ajoute encore Elsa Lefort. Elle regrette l’inaction des autorités françaises.

« Depuis de nombreuses années, elles répètent qu’elles sont pleinement mobilisées pour que Salah mène une vie normale à Jérusalem et pour que sa famille, mes enfants et moi, puissent vivre à ses côtés. Ce sont, d’une part, des déclarations « hors-sol », pas un Palestinien ne mène une existence normale à Jérusalem ! Et d’autre part, on aimerait moins de déclarations et plus d’actes. On attend toujours les résultats. »

Ce dimanche 5 juin, la détention administrative a donc été prolongée jusqu’au 5 septembre 2022. « Loin d’être résignés, nous continuerons à nous battre contre ces injustices », promettent les proches de Salah Hamouri.