La Banque mondiale révise à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie
Dans son rapport semestriel sur la situation économique dans la région MENA, la Banque mondiale a actualisé de façon ostensible ses prévisions de croissance de l’économie tunisienne en 2024, et prévoit désormais une croissance de seulement 1,2%.
Certains économistes avaient déjà qualifié les 2,4% de croissance initialement prévue pour 2024 de « très optimiste », d’autant que le taux de croissance du PIB avait pour rappel chuté à un dérisoire 0,4 % quasi récessif en 2023, notamment en raison de la sécheresse qui a touché le secteur agricole et d’une baisse de la demande intérieure, mais plus généralement en raison d’un modèle économique protectionniste et orthodoxe qui peine à se réinventer.
A peine réélu, le président de la République Kais Saïed est donc accueilli par un coup de semonce, au moment où des économies voisines affichent une santé bien meilleure, dont l’allié algérien où la croissance économique devrait rester proche de 4% en 2024. Intraitable sur son refus de réformer davantage les subventions des denrées alimentaires et des énergies, le chef de l’Etat n’a ainsi proposé que trois axes majeurs de politique budgétaire qui n’ont abouti à ce jour qu’à des arlésiennes : la création d’entreprises dites coopératives, la réconciliation pénale avec des hommes d’affaires, et la récupération des biens mal acquis de l’ancien régime.
Une croissance qui demeure tributaire d’éléments incertains
Dans son rapport, la Banque mondiale se base sur une légère reprise du secteur agricole, qui reste néanmoins fragile, toujours sous la pression de la sécheresse après quatre ans de précipitations inférieures à la moyenne. Le texte prévoit par ailleurs une baisse de l’inflation à 6% l’an prochain, mais souligne des prix de produits alimentaires « toujours élevés » qui faussent la donne inflationniste.
Le rapport publié mercredi, intitulé « Croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », indique par ailleurs que la Banque a prévu que le taux de croissance de l’économie tunisienne ne se stabiliserait finalement à 2,2% qu’en 2025.
La même source note que les taux de croissance restent relativement faibles dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en raison de l’incertitude et des conflits en cours, dont celui en Ukraine. Il est ainsi prévu que le produit intérieur brut de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord dans son ensemble n’augmente légèrement que de 2,2% en 2024, contre 1,8% en 2023, « principalement en raison d’une hausse du taux de croissance des pays du Conseil de coopération du Golfe ». Celui-ci passe de 0,5% en 2023 à 1,9% en 2024.
Le rapport prévoit néanmoins un ralentissement de la croissance dans le reste de la région, avec une baisse attendue du taux de croissance dans les pays exportateurs de pétrole, qui devrait passer de 3,2% en 2023 à 2,1% en 2024, et dans les pays exportateurs de pétrole hors Conseil de coopération du Golfe, qui devraient voir leur croissance passer de 3,2% à 2,7%.
Le rapport souligne que la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pourrait renforcer sa croissance économique en tirant parti des avancées technologiques et des connaissances mondiales. Le développement du commerce international, compte tenu de la position géographique stratégique de la région, pourrait également accélérer l’innovation et le transfert de savoir-faire.
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