La Banque mondiale accorde 520 millions de dollars à la Tunisie

 La Banque mondiale accorde 520 millions de dollars à la Tunisie

C’est environ le quart de la somme totale qu’espérait obtenir la Tunisie auprès du Fonds monétaire international avant que ne capotent les longues négociations l’an dernier avec le FMI. Pour l’opposition, ce montant dérisoire accordé par la Banque mondiale démontre que contrairement aux grands discours souverainistes de l’actuel pouvoir, ces démarches sont révélatrices d’une « économie sous perfusion ».

Deux nouveaux prêts en faveur de la Tunisie, d’un montant total de 520 millions de dollars (environ 1,61 milliard de dinars), ont été approuvés à la mi-mars 2024 par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale. Il s’agit de « financements supplémentaires pour aider le pays à faire face aux défis de sécurité alimentaire et à résorber les disparités régionales grâce à de meilleures liaisons routières », annonce un communiqué de l’institution financière de Washington D.C.

La même source précise que le premier prêt de 300 millions de dollars vient en réalité s’ajouter au « projet d’urgence pour la sécurité alimentaire », un programme qui s’évertue à remédier aux conséquences de quatre années consécutives de sécheresse en Tunisie, dont une saison céréalière particulièrement difficile en 2023.

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Le projet a ainsi pour objectif de rationaliser les importations de blé et de soutenir les petits exploitants en fournissant de l’orge pour la production laitière et des semences résistantes aux aléas climatiques destinées aux producteurs de blé. Le financement s’inscrit dans le cadre d’une aide globale coordonnée avec d’autres partenaires de développement et viserait à renforcer la résilience du pays face à de futures crises alimentaires.

Pour rappel, le montant du service de la dette publique explose en Tunisie où il atteindra pour la première fois en 2024 la somme de 24,7 milliards de dinars, soit plus de la moitié des recettes propres du budget de l’État, et dépassera pour la première fois l’enveloppe allouée aux salaires de la fonction publique (23,7 milliards de dinars).

 

Un second prêt destiné aux travaux d’infrastructure

Le deuxième prêt, d’un montant de 220 millions de dollars au titre du projet de corridor de développement économique, vise à réduire les disparités économiques régionales le long de l’axe Kasserine-Sidi Bouzid-Sfax. Pour ce faire, il s’emploie à développer les infrastructures via des travaux routiers qui porteront sur 65 km, ainsi que la modernisation de 117 km de routes dites de desserte. Ce projet prévoit également la capitalisation du « Fonds Impact » géré par la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) dans le but d’améliorer l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) de la région.

La Banque estime que cela bénéficierait aux ménages, dont les déplacements seront facilités par l’amélioration des infrastructures routières, aux entreprises ensuite, à travers les liaisons routières qu’offre le corridor, mais également aux PME qui auront un accès accru à des financements, tout comme aux femmes qui disposeront par ce biais d’un meilleur accès aux terres agricoles et aux financements.

Reste que les Tunisiens pâtissent des lenteurs chroniques dans l’exécution des travaux de ce type. Alors que l’on annonçait à titre d’exemple l’achèvement du chantier de l’échangeur de l’aéroport de Tunis-Carthage pour l’année 2020, cette structure à taille relativement réduite accusera près de quatre années de retard pour être inaugurée au final que la semaine écoulée.

 

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