La 15e édition de la « balade décoloniale » a lieu ce dimanche à Paris

 La 15e édition de la « balade décoloniale » a lieu ce dimanche à Paris

Farid Bennai militant au FUIQP, à l’initiative de la balade décoloniale. Photo : DR

C’est devenu une habitude. Pour la 15e fois, ce dimanche 19 juin aura lieu dans les rues de Paris une « balade décoloniale ». A l’initiative du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) et d’un collectif d’associations (CGT Paris 18, Collectif La Chapelle Debout, Collectif Ivryens pour la Palestine, etc.), elle rendra, cette année, hommage à la résistance palestinienne.

 

FUIQP - balade décoloniale
FUIQP – balade décoloniale

Qu’est-ce qu’une « balade décoloniale » ?

L’idée est simple : rebaptiser symboliquement certaines rues de la capitale nommées d’après des militaires, politiciens, artistes qui ont contribué à la colonisation française. Les militants collent en dessous de ces rues le nom d’une contre-figure qui symbolise la décolonisation, la lutte contre le racisme ou comme cette année, la résistante palestinienne.

Ce dimanche, ce sont six rues qui seront débaptisées (et rebaptisées). Ainsi la rue Charles Liénard de l’Olive du nom de l’ancien gouverneur de Guadeloupe qui colonisa l’archipel, sera rebaptisée Shireen Abu Akleh. Cette journaliste palestinienne a été assassinée le 11 mai dernier, alors qu’elle couvrait une incursion militaire de l’armée israélienne à Jénine.

« Nous débaptisons cette rue car elle est le symbole de la colonisation de la Guadeloupe et plus largement de la première colonisation française. Le nom de cette rue fait en effet référence à Charles Liénard de l’Olive qui débarqua en juin 1635 sur l’île avec 554 personnes », indique Farid Bennai militant du FUIQP.

« Ils sont alors accueillis par les indigènes qui les aident à s’installer. La colonisation fut ainsi inaugurée en Guadeloupe comme partout ailleurs par le vol des terres et les massacres. Elle met en place une économie de grandes plantations sucrières ne pouvant fonctionner que par l’appel massif à l’esclavage », dénonce encore ce dernier.

Farid Bennai militant au FUIQP, à l'initiative de la balade décoloniale.
Farid Bennai militant au FUIQP, à l’initiative de la balade décoloniale.

Autre exemple, la rue Fadwa Touqane, la « poétesse de la Palestine », l’une des rares voix féminines de la poésie palestinienne, remplacera le temps d’une après-midi la rue de Tanger.

« Comme la rue du Maroc, la rue de Tanger fait partie de cette pratique courante au dix-neuvième siècle de commémorer les batailles et guerres coloniales en leur attribuant des noms de rue », explique Farid Bennai. « C’est la raison pour laquelle nos villes françaises comportent autant de rue d’Alger ou d’Indochine. Au total sur 6000 rues parisienne, 200 font explicitement référence à la colonisation », détaille encore le militant.

« On y retrouve des noms de batailles ou de guerres mais aussi des noms de généraux assassins comme Bugeaud ou Catroux et d’hommes politiques défenseur de la colonisation comme Jules Ferry ou Napoléon 3 ou encore Louis Philippe. La bataille pour débaptiser ces rues n’est pas secondaire. Elle est une partie incontournable du combat pour l’égalité », appuie Farid Bennai.

En plus des rues de Charles Liénard de l’Olive et de la rue de Tanger, la Place de l’église Saint-Bernard sera remplacée par la Place des enfants palestiniens martyrs, la rue René Caillé par la rue Mahmoud Hamchari, la Place Joinville par la Place Georges Ibrahim Abdallah et la rue du Maroc par la rue Ghassan Kanafani.

La balade décoloniale version 2022 partira de l’église Saint-Bernard à 14h. Elle est ouverte à tous.

 

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