Karima Tahiri, une ferronnière dompteuse d’ombres et lumières

 Karima Tahiri, une ferronnière dompteuse d’ombres et lumières

Karima Tahiri, architecte d’intérieur, installée près de Ganges, dans les Cévennes, s’est lancée il y a 5 ans dans la ferronnerie d’art. Un travail ardu et physique qu’elle a réussi à dompter. Que ce soit des luminaires ou des tableaux en métal, sa créativité résonne dans la mise en valeur de son travail d’artiste.

Créatrice de lumière. Un qualificatif qui va à ravir à Karima Tahiri que rien ne prédestinait à se lancer dans le travail du métal à l’exception peut-être d’un goût pour le bricolage dés son plus jeune âge. « J’étais passionné par le dessin et j’aimais trainer dans les pattes de mon père, qui était maçon, nous explique la quadragénaire. Il m’appelait l’artiste d’ailleurs (rires) ».

Née à Montpellier, elle poursuit sa scolarité à Ganges. Son premier contact avec la lumière, elle le doit aux planches sur lesquelles elle se lance lors de son bac littéraire, option théâtre. Elle suivra des études d’arts du spectacle et de conservatoire qui se terminent poussivement pour la provinciale dans la capitale. Elle ne se reconnaît plus dans cette voie. « Pour réussir sur scène, il faut piocher dans ses émotions et donner à voir. Or, même si je suis très sociable, je suis très pudique aussi. »

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Une « révolution métallique » par hasard

Retour à Montpellier où elle intègre une école d’architecture d’intérieur qui lui correspond totalement. Un métier où elle peut allier dessin, créativité et technicité.  Après 2 ans en agence, elle se lance en indépendante en 2007 jusqu’à aujourd’hui.

Sa « révolution » métallique lui tombe dessus par hasard pendant une période douloureuse. « Cette matière m’a parlé dans mon for intérieur, confirme Karima. Je la voyais comme du papier qu’il fallait couper, découper et plier.» Un métier d’homme ? Pas vraiment selon elle. « Ca m’a embêté au départ d’être jugé en tant que femme ferronnière même si ça a permis une médiatisation de mon art. Je veux que l’on voit mes oeuvres avant tout.»

Les luminaires de Karima Tahiri racontent une histoire. Celle d’une femme qui dans son travail d’ombre et de lumière projetée, arrive à créer une émotion. «Pendant qu’ils voient mes lampes, j’aime regarder leurs yeux s’écarquiller. J‘ai du mal à les vendre car elles sont liées à des moments de ma vie. C’est une part de mon âme qui s’en va.»

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« Une part d’armure » et « de l’intime et de la réflexion »

S’ils peuvent faire penser au Maroc, elle le situe dans l’inconscient, elle qui vient de Nador, une ville peu connue pour ce genre d’artisanat. « Dans mes œuvres, il y a mon histoire de femme, avec son conditionnement et son chemin de vie. C’est un peu ma psychothérapie où je n’apporte pas des mots mais des émotions en créant du beau. »

Ses œuvres métalliques –« une part de son armure » – laissent entrer la lumière vertu de bien-être. Les ombres, qu’elle ne voit pas comme le coté sombre, représentent le domaine de « l’intime et de la réflexion ». Enfin, elle travaille à l’acide des plaques qui deviennent des portraits. Une épreuve plus douce, où elle laisse parler sa sérénité.

Le combat de Karima Tahiri : éviter qu’en 2020, on continue à « frustrer » les enfants en laissant les travaux manuels, scientifiques ou techniques aux garçons. « Je pense que c’est lié à la pénibilité. On veut faire croire qu’il faut être fort. Je n’ai pas un physique de camionneur et je travaille le métal. C’est possible ! »

Karima Tahiri accepte dorénavant mieux le coup de projecteur, même si ce sont ses œuvres qui la racontent le mieux.