Karim Benzema sélectionné pour l’Euro : le retour gagnant du mal aimé ?
Madrid et l’Espagne l’adulent, mais Karim Benzema n’arrive pas à se départir de son image de mauvais garçon en France. Ses démêlés judiciaires ont sérieusement terni l’aura de celui que beaucoup considèrent comme l’un des tout meilleurs buteurs de sa génération.
Une situation qui a valu Karim Benzema de rester à l’écart de l’équipe de France depuis 215. Jusqu’à l’annonce surprise de son retour dans le groupe de l’Euro prochain. Rappelé mardi à la surprise générale par le sélectionneur Didier Deschamps, Benzema vit une période contrastée. Sportivement, il connaît sans doute à 33 ans la meilleure période de sa carrière.
Mais hors des pelouses, il est toujours poursuivi pour « complicité de tentative de chantage » dans l’affaire de la « sextape » de Mathieu Valbuena, dans l’attente d’un procès en octobre. Un talent hors normes, mais une image tenace de mauvais garçon. C’est toute l’ambivalence de l’ancien joueur de Lyon, qui ne laisse personne insensible.
Pour Zidane, Karim Benzema « est le meilleur »
« Pour moi, c’est le meilleur » avant-centre français de l’histoire, jugeait récemment son entraîneur Zinédine Zidane. Il « le prouve, il joue au Real Madrid depuis très longtemps, il compte plus de 500 matches, tous les buts… Au final, son palmarès, tout ce qu’il a accompli ici parle pour lui. »
Depuis son arrivée en 2009, il a inscrit près de 300 buts pour le club espagnol. Il a aussi été sacré meilleur joueur du Championnat d’Espagne en 2020, devenant l’atout offensif majeur du Real après le départ en 2018 de la superstar Cristiano Ronaldo. Il vient tout juste de recevoir le titre de meilleur joueur français de l’étranger aux traditionnels Trophées UNFP en France.
Même le président de la Fédération française Noël Le Graët l’a reconnu : « Il a fait à mon avis la meilleure saison de sa carrière » en 2019-2020, avait-il convenu l’été dernier. C’est pourtant ce même Le Graët qui avait assuré en novembre 2019 que « l’aventure France » de Benzema était définitivement terminée. L’attaquant n’était alors plus apparu en Bleu depuis octobre 2015 et l’éclatement de cette affaire dite de la « sextape ».
Fidélité des amis d’enfance
Malgré une technique léchée, un style de jeu altruiste et une armoire à trophées bien remplie, « KB9 » peine à se défaire d’une image de tête brûlée, coincé entre sa collection de bolides, ses vêtements de luxe et ses mauvaises fréquentations.
Car, c’est sa fidélité à son ami d’enfance du quartier populaire de Bron (banlieue de Lyon), Karim Zenati, qui lui vaut ses ennuis dans l’affaire de la « sextape ». Depuis sa garde à vue qui avait fait l’effet d’une bombe en 2015, la justice soupçonne Benzema de complicité dans une tentative de chantage envers son ancien coéquipier Valbuena à propos d’une vidéo à caractère sexuel. L’intéressé a plaidé le conseil amical à « un pote » et a plusieurs fois expliqué avoir voulu « aider » Valbuena.
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Une accusation qui tranche avec son habituel silence médiatique et l’image de bon père de famille rangé qu’il essaie de distiller sur les réseaux sociaux. Benzema déchaîne les passions en France, malgré le soutien de certaines personnalités comme le comédien Jamel Debbouze.
Une carrière émaillée de dérapages
Après avoir été écarté de l’Euro-2016 à domicile en raison de sa situation judiciaire, l’attaquant avait fustigé, dans une interview au quotidien espagnol Marca, le sélectionneur Didier Deschamps. Ce dernier serait coupable à ses yeux d’avoir « cédé sous la pression d’une partie raciste de la France ».
Une déclaration lui vaudra les foudres de « DD » dont la résidence bretonne a été vandalisée par un tag le traitant de « raciste ». Mais, un autre loup solitaire du football français, Eric Cantona, apportera son soutien à Benzema.
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Auparavant, avec Franck Ribéry, l’attaquant formé à Lyon avait été associé à « l’affaire Zahia ». Le tribunal correctionnel qui le jugeait pour « sollicitation de prostituée mineure », l’a toutefois relaxé en janvier 2014. En juillet de la même année, le quotidien L’Equipe avait accusé son agent d’alors, Karim Djaziri, accompagné de Zenati, d’agression sur ses journalistes à Ribeirao Preto, camp de base des Bleus au Mondial au Brésil.
Cela n’a pas empêché l’avant-centre de faire son nid en Espagne, au sein de l’exigeant Real. Il a également mûri auprès de Zidane. Un homme qu’il a souvent qualifié de « grand frère » et qui l’a toujours défendu.