Kais Saïed examine la possibilité d’accueillir des blessés palestiniens en Tunisie
Le président de la République, Kais Saïed, a présidé hier lundi une séance de travail au palais de Carthage, dont il a résumé l’ordre du jour au fait que « le soutien ne doit pas s’arrêter aux déclarations ».
La réunion intervient au lendemain d’un communiqué présidentiel radicalement en faveur de l’action du Hamas, sans jamais le nommer, invoquant un « soutien inconditionnel au peuple palestinien ».
En présence du chef du gouvernement, Ahmed Hachani, du ministre de la Défense nationale, Imed Memmich, du ministre des Affaires étrangères, Nabil Amar, du ministre des Affaires sociales, Malek Ezzahi, du ministre de la Santé, Ali Mrabet, du ministre-conseiller auprès du président de la République, Mustapha Ferjani, et du président du Croissant Rouge, Abdellatif Chabbou des discussions ont ainsi eu lieu à propos des moyens de soutenir le peuple palestinien sur le plan diplomatique et plus particulièrement dans le domaine de la santé, en fournissant des médicaments, des instruments chirurgicaux, et en appelant aux dons du sang.
Soutien logistique
Sur un plan plus logistique, il a été en outre convenu d’expédier des générateurs électriques mobiles suite à la coupure d’électricité dans une grande partie de la bande de Gaza. « Des contacts ont été établis entre le Croissant Rouge tunisien et le Croissant Rouge palestinien pour déterminer les besoins des citoyens palestiniens face à l’ennemi sioniste », annonce la même source.
Par ailleurs il est également question selon le chef de l’Etat tunisien de transférer un certain nombre de blessés palestiniens en Tunisie, ainsi que de la possibilité d’envoyer des cadres médicaux et paramédicaux tunisiens spécialisés en Palestine.
Mais si le président Saïed marque des points politiques y compris auprès de ses détracteurs qui saluent « une position officielle honorable », certains internautes ne sont pas unanimes quant à ce qu’ils qualifient « d’instrumentalisation de la cause palestiniennes à des fins électoralistes », dans plusieurs commentaires laissés sur la page de la présidence. D’aucuns vont plus loin, en critiquant le mimétisme présidentiel de l’action de feu Habib Bourguiba qui avait accueilli l’OLP à Tunis dans les années 80, ce qui avait valu au siège de l’organisation palestinienne dans la banlieue sud de la capitale tunisienne d’être bombardé en octobre 1985 par des chasseurs israéliens.
Dans la vidéo publiée par la présidence de la République, Saïed s’en prend ensuite aux médias : « On essaye d’induire l’opinion publique en erreur. Ils parlent de la bande de Gaza pour ne pas dire Palestine… Cela n’a aucun sens, le seul but étant de faire sortir Palestine de la pensée arabe, voilà où en est arrivé le mouvement sioniste. Quand ils parlent d’Israël, ils parlent de bombardements, mais quand il s’agit de Palestine, ils parlent de jets, comme s’il s’agissait de jets de pierres. Même au niveau des termes, nous pouvons voir à quel point le mouvement sioniste s’est infiltré dans les médias ».
« Aux bombardements doivent répondre des bombardements en retour ! », a martelé Kais Saïed. Certains ont vu dans ces propos une allusion à l’hommage rendu par Brigades al-Qassam à l’ingénieur tunisien Mohamed Zouari, assassiné à Sfax en 2016 par des éléments présumés affiliés au Mossad, pour avoir aidé le Hamas à confectionner ses drones.
Le président Kais Saïed conclut par ses habituels rappels historiques en poursuivant :
« Le monde entier ne doit pas oublier les massacres perpétrés par l’ennemi à Al-Dawayima, dans la ville d’Al-Sheikh, à Deir Yassin, à Kafr Qasim, à Khan Yunis, à la mosquée Al-Aqsa, à la mosquée Ibrahimi et ailleurs. Il ne doit pas non plus oublier les centaines de victimes, les milliers de personnes qui ont été déplacées de leurs maisons et privées de leurs terres. Ils doivent se souvenir de ces dates et reconnaître le droit à une résistance légitime à l’occupation et ne pas considérer cette résistance comme une agression ou une escalade ».