Kabylie : Des scènes d’apocalypse dans les villages
Des victimes (plusieurs dizaines de morts) en Kabylie, de la solidarité pour les rescapés, des scènes de terres brulées,… Un habitant, Yacine Madouche, enseignant universitaire en management à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et habitant du village d’Aourir Nath Ghouvri revient sur la situation sur place.
Les habitants de la région ont déjà eu à subir des premiers incendies le 24 juillet dans la commune d’Ifigha. Ils avaient alors rasé une partie de la forêt entre cette commune et Tala Gaala. « On enregistre un peu partout des feux, à l’accoutumée de la saison estivale avec les canicules. Cette fois-ci, on annonçait une vague de forte chaleur. Dés le début des feux, on aurait dit des feux d’artifices. Le ciel s’est couvert de fumée. Le soleil était à peine perceptible. Les journées ressemblaient à des journées d’éclipse. »
Yacine Madouche nous indique que plusieurs villages sont touchés par les incendies dans la wiliya de Tizi Ouzou mais aussi sur celle de Bejaia. « Les dégâts sont variables. Cela va des décès hélas mais aussi des pertes des exploitations agricoles de tous genres (oliviers, cerisiers, figuiers, ruches, élevages) à des conséquences plus malheureuses avec des dégâts matériels. Mon village, Aourir Nath Ghouvri est réduit en cendres à 70%. Ces feux, c’est aussi la disparition d’un patrimoine culturel, biologique et humain millénaire qui part en fumée. »
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Solidarité et entraide en Kabylie
Dans cette situation d’urgence, la communauté algérienne souhaite aider sans savoir ce qu’il convient de faire, alors que le pays est également touché par une vague de la pandémie Covid-19 sans précédent. « Les quantités d’eau sont suffisantes pour plusieurs jours, nous indique Yacine Madouche. Les denrées alimentaires, de couvertures et de linge également. Malheureusement des fois, ce sont plusieurs villages à proximité qui sont ravagés par les flammes. Dans les victimes, on retrouve des femmes, des enfants mais aussi des éléments de la protection civile et même des soldats de l’ANP. Il faut saluer leur bravoure pour essayer de sauver des vies. »
La solidarité joue à plein régime. « Il nous faut voir au delà de l’immédiat, nous indique l’enseignant universitaire. Les comités de villages se mobilisent pour les familles sinistrées. Ils reçoivent des dons. La priorité est le relogement des villageois. C’est une perte totale pour eux. Leurs sources de revenus sont nulles. Les associations tentent d’acheminer des aides aux villages les plus touchées. 3 caravanes sont en route pour la wilaya de Tizi Ouzou. Chapeau bas aux jeunes mais aussi aux opérateurs économiques locaux qui ont assuré la logistique en matière d’eau vers les foyers de feux. »
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Des relogements à gérer en priorité
La situation en Kabylie inquiète le professeur universitaire. Pour lui, il est urgent que « la wilaya soit reconnue comme sinistrée. Il faut arriver à toucher les communes de l’ensemble de la région. Bien, au delà des incendies, des villages étaient à genoux à cause du Covid. »
Rappelant le sinistre souvenir des victimes du séisme de Boumerdes en 2003, la préoccupation majeure reste de pouvoir se reloger. Pour Yacine Madouche, « il faut recenser communes par communes les familles à reloger en urgence. Les paysans ont besoin d’accompagnement et d’indemnisation. Il faut éviter que la rentrée de septembre soit aggravée par ces incendies. »