Un professeur qui avait rasé le crâne d’un élève condamné à de la prison ferme

 Un professeur qui avait rasé le crâne d’un élève condamné à de la prison ferme

Illustration / AFP


Le tribunal de Pontoise a condamné ce jeudi 8 mars un professeur d'une école coranique de Sarcelles à 12 mois de prison dont quatre avec sursis, reconnu coupable d'avoir frappé et rasé un élève pour une "coiffure interdite". 


Jugeant que la coiffure d'un de ses élèves de 12 ans était "interdite par les règles coraniques", il l'avait tondu avant de lui administrer une sévère "correction": un enseignant d'une école coranique de Sarcelles a été condamné jeudi à 12 mois de prison dont quatre avec sursis.



Les autres prévenus, dont le frère de l'enseignant, âgé de 20 ans, et deux animateurs employés par la ville, âgés de 24 et 29 ans, ont été condamnés à des peines allant de six à huit mois, dont quatre mois avec sursis, supérieures aux réquisitions.



Les quatre hommes étaient jugés devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour des violences volontaires sur mineur avec séquestration, tandis que le beau-père de la victime, absent à l'audience, devait répondre de non-assistance à personne en danger.



Fin avril, le garçon se rend comme chaque soir à son cours d'arabe à la mosquée des Sablons à Sarcelles (Val d'Oise). A la vue de sa crête décolorée, une coiffure selon lui "interdite par les règles coraniques", son enseignant lui rase le crâne en son milieu et l'humilie en le laissant ainsi à la merci des huées de ses camarades.



Voulant se venger, l'adolescent jette des œufs sur la porte du domicile de l'enseignant qui appelle alors son beau-père pour lui demander l'autorisation de lui donner une bonne leçon.




Alors qu'il range du matériel lui ayant servi à nettoyer sa bêtise dans un local municipal, plusieurs jeunes recrutés par l'enseignant lui tombent dessus. Gifles, coups de poing, "écrasements de tête": le garçon joufflu, en jogging et sweat à capuche, a raconté à l'audience avoir subi pendant environ deux heures les frappes de ses agresseurs.



Son beau-père feint de ne pas voir son visage tuméfié, yeux boursouflés et lèvres éclatées, selon une photo montrée à l'audience. Il est finalement conduit à l'hôpital à la demande de sa mère.



"On parle de mosquée, on fait des raccourcis", déplore le prévenu. "La mosquée, je m'en fiche, ça pourrait se passer n'importe où ailleurs, c'est pareil", rétorque la présidente.



Dénonçant une agression "odieuse", relevant selon lui d'un "intégrisme éducatif plus que religieux", Me Christian Gallon, avocat de l'enfant, a fustigé ces "quatre adultes qui ont décidé ce jour-là non pas d'éduquer, mais de maltraiter".



Pour Frédéric Zajac, l'avocat de l'enseignant, qui entretemps s'est vu retirer sa charge, cela "a dépassé ce qu'il souhaitait au départ".


Nadir Dendoune