Un militant solidaire condamné à Aix-en-Provence

 Un militant solidaire condamné à Aix-en-Provence


Loïc, 29 ans, membre de l’Anafé, vient d’être condamné par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à 3 000 euros d'amende avec sursis pour « aide à l’entrée d’un étranger en France », révèle un communiqué de l’association qui porte assistance aux personnes étrangères en France. Le jeune homme avait pourtant été relaxé par le tribunal correctionnel de Nice en première instance.


« L’Anafé apporte son soutien à Loïc, qui a été condamné alors qu’il a répondu à un élan de solidarité et d’humanité et dont la motivation au quotidien est la défense des droits des personnes à la frontière franco-italienne » a réagi Laure Palun, co-directrice de l’Anafé.


Loïc a été arrêté en janvier 2018 lors d’un contrôle d’identité au péage de La Turbie dans le sens Italie-France avec à bord de son véhicule, un ressortissant éthiopien. Loïc a reconnu avoir aidé cette personne dans son parcours migratoire pour des motifs humanitaires. Quelques jours avant, un homme avait été retrouvé mort sur le toit du train en provenance de Vintimille – il avait été électrocuté.


En mars 2018, le tribunal correctionnel de Nice a relaxé Loïc en raison notamment de l’absence d’audition du ressortissant éthiopien dans la procédure pénale et de l’absence de procédure relative à la situation administrative de cette personne sur le territoire français.


« Censée sanctionner les personnes et les organisations qui font du passage illégal des frontières un business hautement lucratif, exploitant les personnes étrangères qui souhaitent entrer sur le territoire français, cette pénalisation a une nouvelle fois été déviée de sa cible », a ajouté la responsable associative.


« L’État français a la responsabilité d’administrer sa frontière. Pour autant, cela ne justifie pas que le seul franchissement irrégulier ou l’aide à un tel franchissement, sans contrepartie, puisse être considéré comme un délit, passible d’une peine de prison. C’est pourtant ce que prévoit la loi française », regrette Jean-François Dubost, responsable du Programme protection des populations civiles à Amnesty International France.


Rached Cherif


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