Nouvelle plainte contre Tariq Ramadan, pour viol en réunion
Les ennuis judiciaires de Tariq Ramadan, toujours aux prises avec #MeToo, s’arrêteront-ils un jour ? Une quatrième plainte pour viol vient d’être déposée, hier dimanche 25 août, contre l’islamologue suisse. Il s’agit cette fois d’une plainte pour viol en réunion qui remonterait à 2014.
Cette nouvelle plainte pourrait menacer la liberté de l’islamologue qu’il a récemment retrouvée. L’un des avocats avocat de Ramadan, Me Emmanuel Marsigny, a confirmé l’existence de la plainte, mais se refuse à tout commentaire.
La plaignante est cette fois une journaliste radio qui aurait été victime d’un viol en réunion dans une chambre d’hôtel au Sofitel de Lyon. Selon le JDD et Europe 1 la femme en question, aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années, accuse le théologien de viol avec le concours d’une personne de son équipe.
« Réquisitoire supplétif »
Nous apprenons également que cette nouvelle procédure a conduit le parquet de Paris à délivrer le 26 juillet un réquisitoire supplétif dans l'enquête visant l'intellectuel musulman pour « viol en réunion » ainsi que « menaces ou actes d'intimidation » pour « déterminer une victime à ne pas porter plainte ou à se rétracter ». Il reviendra ainsi aux juges d'instruction en charge de l'enquête de prononcer ou non une nouvelle mise en examen pour ces faits, et potentiellement demander à un juge des libertés et de la détention la révocation de son contrôle judiciaire, ordonné en novembre après quasi dix mois en prison.
Selon nos confrères du JDD et Europe 1, cette plainte a été déposée dès la fin mai. « C'est allé très vite, c'était d'une violence inouïe », a déclaré à la justice la plaignante, racontant avoir été violée « plusieurs fois » par les deux hommes. Alors qu'elle avait menacé Ramadan de porter plainte avant de quitter la chambre d'hôtel, ce dernier lui aurait répondu : « tu ne sais pas à quel point je suis puissant ». Un témoignage qui reprend donc plusieurs éléments de langage à celui, initial, de Henda Ayari.
Un témoignage affaibli par l’absence de preuves matérielles
Toujours selon la plainte, cette femme aurait par ailleurs été contactée par Ramadan sur l'application de messagerie Messenger le 28 janvier 2019 – soit deux mois après être sorti de prison – affirmant qu'il voulait lui faire une « proposition », « sur le plan professionnel », message auquel elle n'aurait pas répondu.
Elle raconte avoir reçu le lendemain la visite de deux hommes. « Ils m’ont dit que Tariq Ramadan avait essayé de me joindre […] et si j'avais les idées mal intentionnées ils pouvaient arranger ça », a-t-elle affirmé.
Mais, problème, la victime présumée soupçonne par ailleurs Tariq Ramadan d'avoir supprimé leurs échanges sur son téléphone. « Je pense qu'il a effacé nos messages Facebook car ils n'y étaient plus », explique-t-elle.
Cette figure aussi influente que controversée de l'islam européen est déjà accusée par trois femmes en France et une autre en Suisse. Depuis février 2018, il est mis en examen pour deux viols (l’ancienne escort girl Monia Rabbouj dite Marie avait dit en avril « pouvoir retirer sa plainte »), dont un sur personne vulnérable, des accusations qu'il conteste : en octobre 2009 à Lyon sur une femme surnommée Christelle dans les médias et, au printemps 2012 à Paris, sur une ancienne salafiste devenue militante laïque, Henda Ayari.
Pour la troisième plainte, celle de Rabbouj, il est actuellement placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté. Mi-novembre, le prédicateur, qui souffre d'une sclérose en plaques, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire français. Il a dû verser une caution préalable de 300.000 euros et remettre son passeport suisse.
Ramadan, qui fête aujourd’hui ses 57 ans, doit par ailleurs être entendu à l'automne à Paris par un procureur helvète en vue d'une éventuelle inculpation dans l'enquête ouverte en Suisse.
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