Nicolas Sarkozy mis en examen
Après une garde à vue intense de 48 heures, l'ancien président, Nicolas Sarkozy s'est vu notifier par les juges d'instruction chargés du dossier dans les locaux de l'Office anticorruption de la police judiciaire à Nanterre (Hauts-de-Seine) sa mise en examen pour corruption passive, financement illicite de campagne électorale et recel de détournements de fonds publics libyens. Il est placé sous contrôle judiciaire.
"C'est sans doute la plus grosse affaire de la Vème République". C'est ainsi que Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart qualifie le dossier dit "des financements libyens". Dans une interview avec France Info, il rajoute qu'elle correspond à "notre affaire d'ingérence russe" mais avec "une dictature épouvantable, celle de Mouamar Kadhafi", en référence aux soupçons d'influence russe pesant sur l'élection du président américain, Donald Trump aux Etats-Unis.
Une affaire qui commence il y a presque 7 ans. Autant dire que l'instruction a été particulièrement longue et les juges ont fait en sorte de peaufiner leurs argumentaires judiciaires qui ont conduit à la mise en examen de l'ancien président.
Parrallèlement, il est à noter que le député européen Les Républicains, Brice Hortefeux, ancien ministre de l'intérieur a été interrogé sous le statut de suspect libre. Un statut particulier que les juges d'instruction ont préféré utiliser afin d'éviter la levée de l'immunité parlementaire de Brice Hortefeux et surtout de dévoiler les élements et preuves dont ils disposent.
L'affaire, sur un plan judiciaire remonte donc à 2013. Une information avait été ouverte et Nicolas Sarkozy avait alors été entendu. Un an plus tôt, en 2012, le site en ligne, Médiapart avait publié un document libyen faisant état d'un financement par la Libye de la campagne du candidat de droite en 2007. Depuis, plusieurs éléments sont venus étayés la thèse des journalistes avec les interviews de témoins-clés comme Ziad Takeddine qui a affirmé donner 5 millions d'euros en liquide à Paris entre 2006 et 2007 à Claude Guéant et à Nicolas Sarkozy.
Selon des informateurs du journal Le Monde, les juges ont accéléré la procédure et mis en cause directement Nicolas Sarkozy, suite à des élements remis à la justice française par plusieurs anciens dignitaires du régime de Kadhafi. Certains élements ont également été récupérés lors d'une perquisition menée en 2015 au domicile suisse d'un autre intermédaire, Alexandre Djouhri.
Une affaire donc qui promet d'autres rebondissements. Rappelons que La France a mené une guerre en Libye qui ont laissé "un océan" de sang comme nous l'indiquait le président du Haut Comité des tribus libyennes, Ageli A. Breni, en novembre dernier.
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