La justice suisse va auditionner Tariq Ramadan à Paris

 La justice suisse va auditionner Tariq Ramadan à Paris


Le feuilleton judiciaire continue dans l’affaire Tariq Ramadan. Mesure exceptionnelle, la justice suisse va se déplacer à Paris pour entendre l’islamologue déjà mis en examen dans deux autres dossiers en France, et accusé par une femme en Suisse, apprend-on de source proche du dossier. 


Depuis avril 2018, Ramadan est en effet visé par une plainte déposée à Genève pour « séquestration et viol ». Les avocats de la plaignante suisse avaient déposé un recours contre la lenteur de la justice suisse le 3 juillet dernier. Ils y dénonçaient « un déni de justice » et « une situation inacceptable ».


 


Coopération entre les justices helvétique et française


Ainsi sous pression, cinq mois plus tard le parquet suisse ouvrait une instruction pour « viol et contrainte sexuelle », sans pour autant être en capacité d’auditionner l’accusé sous le coup d’une procédure judiciaire en France, physiquement contraint de résider à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).


Depuis qu'elle a déposé plainte, l'accusatrice n'a été entendue qu'une unique fois. Plusieurs auditions avaient pourtant été programmées le 28 février ainsi que les 14 et 21 mars dernier, mais toutes ont dû être annulées.


Selon nos confrères d’Europe 1, les autorités françaises ont expliqué à la justice suisse qu’une « mainlevée du contrôle judiciaire de Tariq Ramadan n’était pas envisageable en l’occurrence […], au regard du risque de soustraction de l’intéressé à la justice française ». Une décision classique lorsque les magistrats prennent en compte les moyens financiers d’un accusé et ses multiples nationalités.   


De son côté la justice suisse a adressé une copie de la plainte et du rapport de police dès mars dernier. Elle a obtenu que la France exécute une demande d'entraide internationale : les magistrats et les enquêteurs suisses sont ainsi autorisés à venir écouter l'islamologue sur le territoire français d'ici l'automne prochain.  


Avant de changer de stratégie de défense, Tariq Ramadan a longtemps nié connaître ses accusatrices. Puis il a reconnu via son avocat Me Emmanuel Marsigny avoir eu des relations sexuelles « consenties » avec chacune d'entre elles. A l’issue de dix mois de « détention spécifique » à Fleury Mérogis, il avait été placé sous contrôle judiciaire en novembre dernier.


Depuis cette libération, l’islamologue, absent des médias, a entamé une série inédite de podcasts sur sa chaîne Youtube censés « couvrir des thèmes philosophiques, sociaux, politiques et spirituels ».


 


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