Affaire Tariq Ramadan : le retrait des mises en examen mis en délibéré

 Affaire Tariq Ramadan : le retrait des mises en examen mis en délibéré


La cour d'appel de Paris a entamé hier l’examen de la demande de Tariq Ramadan de retirer les mises en examen pour viols dont il fait l'objet, deux mois après avoir remis en liberté l'intellectuel musulman. Mais la bataille judiciaire s’annonce compliquée.


Absent à l'audience, l’islamologue est pour rappel accusé de deux viols, qu'il conteste fermement : le 9 octobre 2009 à Lyon par une femme surnommée Christelle dans les médias, et au printemps 2012 à Paris par une ancienne salafiste devenue militante féministe laïque, Henda Ayari.


Mis en examen le 2 février 2018, Ramadan a ensuite passé 9 mois en détention provisoire, jusqu'à mi-novembre. Quelques semaines plus tôt, lors d'une spectaculaire volte-face stratégique, le prédicateur suisse de 56 ans avait finalement admis une relation sexuelle avec chacune d'elles, mais consenties selon lui, après des mois de dénégations. Il avait été poussé à ce changement de version par des SMS exhumés d'un ancien téléphone de Christelle, alors qu'il ne reconnaissait jusqu'alors qu'un vague « jeu de séduction » à distance.


 


La version des plaignantes à nouveau fragilisée


Une toute récente analyse de l'abondante correspondance de Tariq Ramadan avec les deux femmes par les enquêteurs de la brigade criminelle a cependant fragilisé leur témoignage, selon des documents dont la presse a eu connaissance.


En premier lieu, la datation d'un SMS de Christelle où elle écrit que Tariq Ramadan lui a « manqué » dès qu'elle a « passé la porte » est au cœur des débats. A-t-il été envoyé après les faits, comme le soupçonnent les enquêteurs selon un procès-verbal consulté par l'AFP, ou plusieurs semaines avant, à la suite d'un jeu érotique sur Skype, comme l'affirme la défense ?


L'avocat de Christelle, Maître Eric Morain a dénoncé hier 17 janvier 2019 « les conclusions de la brigade criminelle qui n'a jamais entendu ni vu une seule plaignante » et se prononce « avant même que ma cliente s'explique sur ces messages ». « C'est l'opinion des juges qui importe dans le dossier, rien d'autre », a-t-il ajouté.


Des messages de Henda Ayari, envoyés après la rencontre de 2012 et transmis cet automne aux magistrats par la défense de Tariq Ramadan, ont également été analysés par les policiers. Ils contiennent des propositions sexuelles explicites mais également des reproches de violence et de manipulation. Mais pour les enquêteurs, Henda Ayari « est ambivalente, elle évoque une nouvelle fois la violence dont il peut faire preuve mais affirme qu'elle est attirée par ce genre de relations », écrivent-ils dans un autre document.


Mise en délibéré hier jeudi, la décision d’un retrait ou non des deux mises en examen n’a pas été annoncée dans la même journée, et pourrait prendre plus de temps que d’ordinaire étant donnée la complexité et la grande médiatisation de l’affaire qui la rend sensible, et ce même si les avocats de Tariq Ramadan entendent surfer sur le gain de cause obtenu le mois dernier par le prédicateur face au traitement de la RTBF d’une affaire d’abus sexuel qui remonte à 2017, ainsi que trois expertises de reconnaissance faciale versées au dossier par la défense, qui contredisent encore le récit de Paule-Emma Aline alias Christelle.  


 


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