Joey Hood confirmé au poste d’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie

 Joey Hood confirmé au poste d’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie

Joey R. Hood à Bagdad en septembre 2021

C’est désormais officiel. Le Sénat américain a confirmé le 22 décembre 2022 la nomination du diplomate de carrière, Joey R. Hood, en tant que nouvel ambassadeur de Washington à Tunis. Un profil qui ne fait pas l’unanimité en Tunisie.

Les sites officiels de la Maison blanche et du Sénat viennent de l’annoncer : Joey R. Hood succède à Donald Blome, en poste à Tunis depuis janvier 2019. Une confirmation lourde de sens, puisqu’elle vient mettre fin à près de quatorze mois de vacance de poste, un record. Blome avait en effet été rappelé par Washington dès le 20 octobre 2021, date à laquelle il est proposé comme ambassadeur auprès de la République islamique du Pakistan par l’administration Biden, quelque jours seulement après avoir été convoqué par le président Saïed en des termes d’une rare virulence. Ce dernier lui reprocha alors l’ingérence américaine dans la politique nationale de la Tunisie.

Depuis avril 2022, l’intérim était assuré par Natasha S. Franceschi, chargée d’affaires à l’ambassade. Mais signe de l’importance stratégique que les Etats-Unis accordent toujours au pays, le choix s’est porté sur un diplomate très expérimenté : avant sa nomination, Hood était sous-secrétaire d’État adjoint au Bureau des affaires du Proche-Orient aux Affaires étrangères, un insider du State Department donc. Il a par ailleurs passé la majeure partie de sa carrière au Moyen-Orient, et a occupé plusieurs postes au sein des représentations diplomatiques des États-Unis en Irak, au Koweït, en Arabie Saoudite, au Qatar et au Yémen.

Il est titulaire d’un diplôme en relations internationales de la Fletcher School de l’université Tufts et d’un diplôme du Dartmouth College, et parle couramment l’arabe et le français.

Pour les partisans de Kais Saïed, cette chaleureuse accolade entre le président tunisien et Joe Biden lors du récent Sommet américano-africain le 16 décembre aurait contribué à débloquer la situation

La normalisation avec Israël comme cheval de bataille

Il est à noter que Joey R. Hood était à la tête de la délégation américaine qui a visité Carthage dès août 2021, pour s’enquérir à l’époque du « coup de force constitutionnel » de Kais Saïed. Accompagné du conseiller-adjoint de la sécurité nationale à la Maison Blanche, Jonathan Finer, et du directeur du bureau de l’Afrique du Nord au conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, Josh Harris, il avait alors rencontré le président Saïed.

Dans son speech en vue de sa confirmation devant la Commission des Affaires étagères du Sénat US, Joey Hood a affirmé : « Au moment où les Tunisiens sont aux prises avec des défis économiques, ils font face à une situation alarmante : l’érosion des normes démocratiques et des libertés fondamentales au cours de l’année écoulée, annulant de nombreux gains durement acquis depuis qu’ils ont renversé un dictateur en 2011. Les actions du président Kais Saied au cours de cette année en vue de suspendre la gouvernance démocratique et consolider le pouvoir exécutif ont soulevé de graves questions. Les États-Unis, seuls mais aussi en coordination avec notre Groupe des Sept partenaires, a plaidé pour un retour rapide à la gouvernance démocratique. Nous avons préconisé une approche inclusive du processus de réforme démocratique, avons mis l’accent sur la protection continue des libertés fondamentales, et insisté sur le respect de l’indépendance de la justice et de l’État de droit ».

Le diplomate conclut : « La normalisation des relations avec Israël, notamment par le biais des accords historiques d’Abraham, a conduit à une plus grande paix, davantage de sécurité dans la région, et approfondi les possibilités d’expansion de la croissance économique et de la productivité. Si je suis confirmé, je soutiendrai de nouveaux efforts pour normaliser relations diplomatiques et économiques avec l’État d’Israël dans la région ».

Voilà qui sied moins en revanche aux pro Saïed, pour qui le président tunisien doit en partie sa grande popularité depuis sa campagne électorale en 2019 à sa radicalité sur ce sujet, lorsqu’il avait scandé une formule devenue depuis célèbre, « la normalisation est une grande trahison », promettant une loi criminalisant la normalisation avec l’état sioniste.