Jeux Olympiques : La parenthèse enchantée

 Jeux Olympiques : La parenthèse enchantée

crédit photo : Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Pourtant très critique des JO avant leur arrivée à Paris, j’ai décidé de lâcher prise et de vivre pleinement les Jeux Olympiques.

 

Cela ne m’empêche pas d’être conscient de l’aberration écologique provoquée par cette compétition. Je reste également indigné par le sort de ces milliers de personnes qui ont été délogées : migrants, sans-abri, travailleuses du sexe, tous priés d’aller voir ailleurs par les autorités françaises en vue des Jeux. Sans parler de l’usage disproportionné des drones et des algorithmes de surveillance durant cette quinzaine, qui pourraient se pérenniser, piétinant ainsi les libertés individuelles.

Je n’oublie pas non plus les massacres de Gaza, la guerre en Ukraine et tous les autres conflits de la planète.

Et pourtant, placé devant le fait accompli, j’ai décidé de mettre de côté, pour le moment, mes indignations et mes colères pour profiter et admirer la prouesse de tous ces athlètes venus des quatre coins du globe !

J’avais aussi besoin de souffler, d’oublier notamment la situation politique anxiogène du pays, d’oublier l’élection des 123 députés du RN. Un record écœurant.

D’ailleurs, c’est avec un immense plaisir que je savoure la retenue actuelle — ce silence remarqué, qui ne va pas durer — des cadres du parti de Marine Le Pen, gênés et dégoûtés sans doute de voir cette belle communion fraternelle qui existe à l’intérieur et à l’extérieur des sites de compétition entre Français de toutes les couleurs.

Pourtant, avant que ces Jeux ne démarrent, comme beaucoup de Français, champions du monde du défaitisme, j’étais très sceptique, persuadé qu’on allait se planter, qu’on serait la risée du monde.

Je le désirais même secrètement…

Je me suis trompé. Nous avons eu droit à une magnifique fête populaire, malgré le prix exorbitant de certains sports, grâce notamment aux nombreuses fan zones gratuites réparties dans toute l’Île-de-France.

À L’Île-Saint-Denis, où je vis, et où une partie du village olympique a été construite, la « Station Afrique » célèbre tous les jours la richesse culturelle du continent à travers des concerts, – l’immense majorité d’entre eux étaient gratuits-, et des stands pour découvrir les cultures et les saveurs africaines.

J’avais aussi peur du chaos dans les transports en commun. Là encore, j’ai été agréablement surpris. Ces Jeux ont été bien organisés ! Remercions le travail remarquable des volontaires, mais aussi de toutes celles et ceux qui ont été employés — notamment les petites mains.

Des transports efficaces, une fluidité pour accéder aux différents sites de compétition, comme j’ai pu moi-même le constater.

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Chaque fois, j’ai passé un moment extraordinaire. J’ai discuté, rigolé, frappé mes pieds sur le sol, j’ai crié avec des inconnus, des étrangers, mais aussi avec beaucoup de Français, de Paris et de Navarre ; certains étaient sans doute partisans du RN.

L’espace d’un instant, nous avons été ensemble, unis, surtout quand il fallait soutenir un(e) athlète français(e).

Ça m’a rappelé la Coupe du Monde 1998. Je ne suis donc pas dupe. Quatre ans après le premier sacre des Bleus de Zidane, Jean-Marie Le Pen accédait en 2002 au deuxième tour des élections présidentielles.

Je sais que dans quelques jours, tout redeviendra malheureusement comme avant. Dimanche, une partie de la France risque de se réveiller avec une gueule de bois, et le repli sur soi et la défiance entre Français seront de retour.

Mais peut-être que certains, dans les moments difficiles, se rappelleront de cette parenthèse enchantée et comprendront qu’une autre France, libérée de ses peurs, est possible. Et que quand elle se serre les coudes, elle est capable du meilleur…