L’UNESCO déplore des « fouilles illégales », Israël rappelle son ambassadeur

 L’UNESCO déplore des « fouilles illégales », Israël rappelle son ambassadeur


Une commission de l'UNESCO a adopté mercredi une décision déplorant « les fouilles illégales » d'Israël dans la vieille ville de Jérusalem, provoquant la colère de l'État hébreu qui a annoncé le rappel de son ambassadeur dans cette organisation. Cette décision intervient huit jours après une résolution du Conseil exécutif de l'organisation sur le même thème qui avait déjà provoqué la colère d'Israël.


 


Deuxième décision en 8 jours


La commission du patrimoine qui comprend 21 États membres a adopté par consensus ce texte proposé par le Koweït, le Liban et la Tunisie, qui déplore les « dommages » et « fouilles illégales » commis par Israël dans la vieille ville et lui demande de respecter le statu quo sur les lieux saints, selon le projet de texte qui, selon des participants, a été adopté en l'état.


Le texte reprend avec quelques variantes une précédente résolution adoptée l'an dernier par la commission du patrimoine concernant la vieille ville de Jérusalem, classée depuis 1982 par l'UNESCO parmi les sites en péril. Parmi les modifications notables, les autorités israéliennes ne sont plus définies comme « la puissance occupante ». En revanche le texte maintient l'appellation « Esplanade des mosquées » et non « Mont du Temple » comme il est d'usage dans la religion juive.


Sans mentionner explicitement la résolution du Conseil exécutif, la directrice de l’UNESCO, Irina Bokova, avait tenté de modérer cette décision en affirmant que « le patrimoine de Jérusalem est indivisible, et chacune de ses communautés a droit à la reconnaissance explicite de son histoire et de son lien avec la ville ». Ce patrimoine est « un appel au dialogue, non à la confrontation », avait-elle ajouté. « Lorsque les divisions rejaillissent sur l’UNESCO, une Organisation dédiée au dialogue et à la recherche de la paix, elles l’empêchent de mener à bien sa mission. »


 


« Théâtre de l’absurde »


Mercredi, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a annoncé le rappel pour « consultations » de l'ambassadeur de son pays à l'UNESCO, estimant, dans un communiqué, que la résolution de la commission de l'UNESCO est « la continuation du théâtre de l'absurde ».


Le secrétaire général de l'OLP Saeb Erekat a quant à lui accusé, dans un communiqué, Israël de mener une « campagne orchestrée » pour « légitimer l'annexion » de Jérusalem-Est. « Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement israélien, la résolution votée par l'UNESCO vise à réaffirmer l'importance de Jérusalem pour les trois religions monothéistes, christianisme, judaïsme et islam », assure-t-il.


 


Près de 50 ans d’occupation de Jérusalem-Est


Le 18 octobre, le Conseil exécutif de l'UNESCO avait adopté une résolution du Jérusalem-Est (la partie palestinienne de Jérusalem) portant sur la protection du patrimoine culturel palestinien. Mais pour l'État hébreu, il niait le lien millénaire entre les juifs et la ville. Israël avait suspendu sa coopération avec l'UNESCO dans la foulée.


« La résolution rappelle qu'Israël est une puissance occupante à Jérusalem-Est et lui demande d'arrêter ses abus », s'était réjoui de son côté Mounir Anastas, ambassadeur adjoint à l'UNESCO. Jérusalem-Est, qui comprend la vieille ville a été conquis en 1967 puis annexé par Israël. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.


Rached Cherif