Vent de panique à Tel-Aviv face à l’ampleur de la campagne de boycott BDS
L’annonce simultanée de la volonté d’Orange de se désengager d’Israël et de l’adhésion d’un important syndicat étudiant britannique à la campagne de boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) d’Israël fait de nouveau parler de ce mouvement lancé pour dénoncer la colonisation des territoires palestiniens. La campagne vient même d’être déclarée « menace stratégique » par le président israélien Reuven Rivlin.
Coup d’accélérateur pour la campagne « Boycott, désinvestissement, sanctions »
La campagne BDS aussi dangereuse pour Israël que le Hamas ou l’Iran ? Tel-Aviv vient en tout cas de la déclarer « menace stratégique » pour le pays. De fait, le mouvement longtemps marginal gagne du terrain ces derniers mois. Deux annonces lui ont encore donné un coup de projecteur cette semaine.
Mercredi, Stéphane Richard, le PDG d'Orange a annoncé l’intention du groupe de mettre un terme à ses activités en Israël lors d’un déplacement au Caire. « Je suis prêt à abandonner ça demain matin, mais le problème est que je veux m’assurer des risques légaux pour la société » a-t-il expliqué en référence à son partenariat avec l'opérateur israélien Partner, dont il n’est pas actionnaire, mais qui utilise son logo en échange d’une redevance.
Le responsable français s’est en revanche gardé de faire toute allusion à la campagne BDS, même si Orange était régulièrement pointé pour ses activités dans les colonies de Cisjordanie.
Les jeunes en pointe
La veille, l’Union nationale des étudiants britanniques, l’un des principaux syndicats étudiants outre-Manche, a décidé d’apporter son soutien à cette campagne visant à sanctionner la poursuite par Israël d’une politique de colonisation contraire au droit international et largement dénoncée par la communauté internationale.
Il y a quelques semaines, c’était la chanteuse américaine Lauryn Hill qui avait décidé d'annuler un concert prévu à Tel-Aviv début mai, cédant à l’appel de nombreux fans lui demandant de boycotter Israël. Une décision qui avait été saluée par les promoteurs de la campagne BDS.
Mauvaise foi des autorités israéliennes
C’est aussi parmi les jeunes et les étudiants que la campagne BDS gagne du terrain aux États-Unis. Un mouvement qui inquiète de plus en plus les autorités israéliennes, qui ont longtemps ignoré le phénomène. Les députés israéliens ont consacré une séance spéciale à cette question ce mercredi, rapporte le journal britannique Guardian, alors que le roi des casinos américain, Sheldon Adelson, a organisé à Las Vegas un sommet anti-BDS en compagnie d'autres hommes d'affaires pro-israéliens, selon le quotidien israélien The Times of Israel.
Faute d’arguments de valeur, le gouvernement de Tel-Aviv réagit tant bien que mal. Pendant les débats à la Knesset mercredi, l’ultra-nationaliste ministre de la Justice Ayelet Shaked a qualifié la campagne BDS d'« antisémitisme » et a annoncé la création d'une cellule renforcée chargée de cette question.
Bien plus maladroit – et passablement malhonnête –, le premier ministre fraichement réélu Benjamin Netanyahu a réagi en dénonçant dans un tweet le supposé soutien de l’Union nationale des étudiants britanniques à l’État islamique (EI). Une accusation à laquelle le syndicat a rapidement répondu en rappelant qu’il avait dénoncé (EI) comme « une organisation terroriste réactionnaire qui commet des atrocités ».
Rached Cherif