Netanyahu dans la tourmente judiciaire

 Netanyahu dans la tourmente judiciaire

Benjamin Netanyahu


L’horizon s’obscurcit de jour en jour pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à présent confronté à la perspective d’un témoignage potentiellement dévastateur d’un proche collaborateur dans l’une des enquêtes de corruption menaçant son règne.


L’accumulation des coups durs commence à attiser les convoitises des adversaires du Premier ministre en vue de potentielles élections anticipées. Le chef du gouvernement, au pouvoir depuis bientôt 12 ans au total, est lié de près ou de loin à au moins six affaires dans lesquelles son entourage est mis en cause.


En huit jours, M. Netanyahu a vu la police recommander son inculpation dans deux dossiers de corruption, arrêter deux proches collaborateurs et ouvrir mardi une enquête pour tentative de subornation d’une juge en échange d’un arrêt des investigations sur des agissements suspects à la résidence du Premier ministre.


L’une des personnes interpellées dimanche, l’ex-directeur général du ministère des Communications présenté comme l’un des rares hommes de confiance de M. Netanyahu, Shlomo Filber, a négocié avec les enquêteurs un accord de coopération en échange d’un statut de témoin protégé lui garantissant qu’il n’irait pas en prison, selon des informations de presse confirmées par la police.


 


Un proche de Netanyahu se met à table


« Filber est le plus proche et le plus intime des agents responsables des opérations occultes que Netanyahu ait eues depuis des générations (…) Toujours dans l’ombre, toujours loyal, performant, secret et animé de convictions : Bibi (le surnom de M. Netanyahu) savait pouvoir compter sur Momo. Jusqu’à hier », écrit dans le quotidien Maariv Ben Caspit, auteur d’un récent livre sur M. Netanyahu.


M. Netanyahu avait nommé son homme de confiance au poste de directeur général du ministère des Communications à l’issue des dernières élections législatives. Poste dont il a été suspendu. Selon la presse, la police soupçonne M. Filber d’avoir servi d’intermédiaire entre les Netanyahu et Shaul Elovitch, patron de Bezeq, le plus important groupe de télécommunications israélien, et de l’influent site d’informations Walla.


La police veut savoir si les Netanyahu auraient cherché à s’assurer une couverture propice de la part de Walla en contrepartie de faveurs gouvernementales, qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, dit la presse, alimentée à flux constants par des fuites à la provenance inconnue.


Outre M. Filber, un autre collaborateur des Netanyahu, leur ancien porte-parole personnel Nir Hefetz, le patron de Bezeq, la PDG du groupe et trois autres personnes ont été arrêtés dimanche. Un tribunal a prolongé mercredi jusqu’au 26 février la garde à vue de la PDG, Stella Handler, et d’un autre responsable du groupe. La justice doit se prononcer sur les autres gardes à vue jeudi.


 


Législatives anticipées en vue


M. Netanyahu proclame son innocence sur tous les fronts et a affirmé sa ferme intention de rester au pouvoir. Lors d’une intervention mercredi soir devant des dirigeants juifs américains à Jérusalem, il a évité d’évoquer ses soucis juridiques revenant sur le danger que représente l’Iran pour la sécurité d’Israël.


L’opposition réclame sa démission. La semaine passée, les chefs de tous les partis de sa coalition, sur laquelle repose le gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, sont restés solidaires en disant attendre la décision du procureur général sur une éventuelle inculpation de M. Netanyahu.


Le scandale ne semble toutefois pas affecter Likoud, parti du Premier ministre. Sous le titre « un parfum d’élections », le quotidien Israel Hayom, réputé à droite, a publié mercredi un sondage indiquant que le Likoud remporterait 34 sièges sur 120 au Parlement, au lieu des 30 actuels. Israel Hayom n’a pas publié la méthode ni le panel du sondage. Mais M. Netanyahu, qui dénonce la « chasse aux sorcières » menée selon lui par les médias et l’opposition, s’en est emparé sur Facebook en invoquant la Bible et les Hébreux: « Plus on les opprimait, plus ils se multipliaient et s’étendaient ».


Rached Cherif


(Avec AFP)


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