La politique israélienne est un apartheid, dénonce pour la première fois Bradley Burston, un journaliste de renom
Bradley Burston n’est pas n’importe qui en Israël. Sur Haaretz, le plus important quotidien de gauche du pays, il y tient une chronique hebdomadaire au titre éloquent : “Une place spéciale en enfer”. Pendant longtemps, ce juif américain, formé à l’université de Berkeley en Californie, qui a servi dans l’armée israélienne en tant que médecin, avant d’entreprendre une carrière de journaliste, refusait d'utiliser (comme l’immense majorité d’Israéliens) le terme « apartheid » pour décrire la situation de son pays vis-à-vis des Palestiniens. Ce n’est plus le cas.
Il a franchi le pas ce lundi 17 août dans un éditorial titré : « Il est temps de l'admettre. La politique israélienne est ce qu'elle est : un apartheid ». « Il ne m’est pas facile d’écrire ce texte », admet modestement Bradley Burston. « J’ai longtemps refusé d’utiliser le terme d’apartheid pour décrire la politique israélienne. Même si je considérais les politiques de colonisation et d’occupation comme anti-démocratiques, brutales et suicidaires, je ne les voyais pas comme un apartheid. »
Ce qui l'a amené à changer d'avis, ce sont les événements des dernières semaines, explique-t-il : d'abord quand des colons israéliens ont tué un bébé palestinien de 18 mois en brûlant une maison en Cisjordanie, sans que la famille des victimes ne bénéficie ensuite du soutien financier accordé normalement aux victimes de terrorisme. Puis quand le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou a répondu à l'agression d'Israéliens pro-colonies qui avaient jeté des pierres et de l'urine sur des soldats « en promettant de construire des centaines de nouvelles habitations » dans les colonies.
« Voici ce qu'est devenue la loi : deux versions des livres. Une pour nous, et une à jeter contre eux. Apartheid », écrit Bradley Burston. Ce qui l’a définitivement poussé à utiliser le terme apartheid, c’est quand le ministre israélien de la Sécurité intérieure a déclaré que les grèves de la faim de prisonniers palestiniens étaient « une nouvelle forme d'attentat-suicide à travers laquelle ils menacent l'Etat d'Israël ».
«Il n'y a que dans un système aussi dérangé que l'apartheid qu'un gouvernement a besoin de qualifier et de traiter la non-violence comme du terrorisme », conclut Bradley Burston.
Nadir Dendoune