Israël/Iran. Téhéran a perdu la guerre du renseignement

 Israël/Iran. Téhéran a perdu la guerre du renseignement

L’ayatollah Ali Khamenei salue Esmai Qaani (gauche), nouveau commandant de la Force Qods (9 janvier 2020), une composante des Corps des gardiens de la révolution islamique. HO / LEADER OFFICE / AFP

L’hebdomadaire Times Of Israël vient de rendre compte de l’arrestation de deux Israéliens recrutés par les services iraniens qui planifiaient le meurtre d’une personnalité israélienne de haut rang après avoir commis une série d’actes de sabotage au profit de l’Iran. Le communiqué du Shin Bet fait état d’un citoyen israélien recruté avec sa partenaire et qui se sont livrés à divers actes de sabotage et de vandalisme.

 

En ce sens, la réponse de l’Iran à Israël dans cette guerre de l’ombre semble bien terne face à ces assassinats de masse commis par le Mossad sur des personnalités iraniennes de premier plan. A commencer par la liquidation probable du Président de la République Islamique puis, comble de l’humiliation, le meurtre d’Ismail Haniyeh dans un complexe résidentiel appartenant à la présidence iranienne à Téhéran.

Au menu, trahisons contre espèces sonnantes et trébuchantes, recours au chantage ou encore des informations monnayées contre des relations sexuelles avec de hauts responsables iraniens, comme le décrivent si bien Michel Bar-Zohar et Nissim Mishal dans Les Amazones du Mossad où ils évoquent les vies mouvementées et les missions périlleuses des plus grandes espionnes du Mossad, dont cette femme, dénommée Dina, qui a mis la main sur les documents les plus confidentiels des projets nucléaires iraniens, à Téhéran.

La facilité avec laquelle les agents du Mossad opèrent en Iran laisse d’ailleurs supposer que les services israéliens ont infiltré la pyramide du pouvoir jusqu’au plus haut de la hiérarchie dans ce pays. C’est ce qu’a confirmé récemment dans une interview accordée à CNN Türk, Mahmoud Ahmadinejad qui rappelle ainsi qu’après la création par Téhéran d’une unité spéciale pour contrer les opérations du Mossad dans le pays, il s’est avéré que l’homme placé à sa tête était en réalité lui-même un agent du Mossad.

 

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L’ancien président iranien a précisé que grâce aux renseignements précieux fournis par cet homme aux services de renseignement de Tel Aviv, Israël a organisé des opérations complexes à l’intérieur de l’Iran. Ils ont pu obtenir facilement des informations. Le pire selon l’ancien chef d’Etat, c’est que 20 autres membres de cette unité spéciale étaient également des agents du Mossad qu’il a accusés d’avoir réussi à voler les documents nucléaires iraniens et d’être responsables de l’assassinat de scientifiques nucléaires iraniens.

Ce qui laisse néanmoins penseur, c’est que les services de renseignements iraniens savaient depuis longtemps que les agents du Mossad circulaient en toute liberté sur le sol iranien. Dès 1997, l’ancien général du CGRI, Mohsen Rezaee, accusait les espions israéliens d’infiltration, rappelant documents à l’appui que des « agents doubles » au sein des services de renseignement iraniens transmettaient des informations aux Israéliens.

En 2021, Ali Younesi, ancien chef du ministère du Renseignement et de la Sécurité (MOIS en anglais ou VAJA en farsi), pointait du doigt des services de renseignement iranien, qui se déchiraient sur fond de guerres des services, exacerbées par des rivalités internes et une concentration excessive sur la répression des acteurs de la société civile, largement exploités par les services d’espionnage étrangers, notamment le Mossad et la CIA.

Au moment où les responsables en Israël ne cessent de répéter que l’attaque contre l’Iran « sera mortelle, précise et particulièrement surprenante » et sachant que la chaîne de commandement iranienne est infiltrée, il faudra peut-être s’attendre à des représailles visant de hauts dignitaires iraniens ou encore l’implosion de sites sensibles. Le ton et les mots utilisés par l’état-major sioniste semblent pencher vers ces hypothèses : « Ils ne comprendront pas ce qui s’est passé, ni comment c’est arrivé, mais ils verront les résultats », s’est ainsi gargarisé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant devant les chefs de la division du renseignement militaire israélien.