Isabelle Eberhardt, l’écrivaine suisse devenue maghrébine et musulmane

 Isabelle Eberhardt, l’écrivaine suisse devenue maghrébine et musulmane

Une multitude de qualificatifs peut être attribuée à Isabelle Eberhardt : écrivaine russe, suisse, française. Voyageuse et exploratrice algérienne, maghrébine,  nomade du Sahara. Convertie, musulmane, soufie, femme travestie, rebelle, débauchée. Figure anti-coloniale, pro-coloniale, espionne… Le mystère qui tourne autour de cette personnalité paradoxale ne s’est jamais éteint.  Décédée à l’âge de 27 ans, Isabelle Eberhardt est toujours au centre des débats parmi les biographes et théoriciens.

Isabelle Eberhardt est née en février 1877, en Suisse, près de Genève. Elle est la fille naturelle d’une mère russe d’origine allemande, et probablement d’un père né en Arménie. 

Dans sa jeunesse, Isabelle cherche sa liberté dans l’écriture et dans les livres. Elle lira Nietzsche, Schopenhauer, Dostoïevski, Tolstoï, Rousseau, Chateaubriand, Hugo, mais aussi Pierre Loti et son « Roman d’un Spahi », livre qu’elle affectionnera particulièrement, et qui raconte l’histoire d’un soldat d’origine algérienne servant dans l’armée française au Maghreb. Ce sera sa première rencontre avec la terre d’Afrique, qui ne la quittera plus jamais.

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Après avoir appris l’arabe classique et lu le Coran, elle apprend le kabyle, et ses rêveries ne sont plus qu’alors orientées vers le Maghreb, et surtout, le désert du Sahara :

« J’aime mon Sahara d’un amour dense, mystérieux, profond, inexplicable. Ma vie est désormais liée pour toujours à ce pays que je ne dois plus quitter », « Moi à qui le paisible bonheur dans une ville d’Europe ne suffira jamais. », écrit Isabelle Eberhardt dans son journal intime.

À 20 ans, le rêve d’Isabelle se réalise. Nous sommes au tout début du XXème siècle. Isabelle sillonne et vivra en Algérie, passant par Annaba, Alger, Constantine, Oran, Batna, El Oued, Aïn Sefra, mais aussi par le Sahel tunisien et la frontière maroco-algérienne. Durant son exploration, elle se travestira en homme bédouin, et se fera appeler Mahmoud Saadi.

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Au Maghreb, Isabelle Eberhardt se convertit officiellement à l’islam, entre dans un ordre soufi, et écrit assidûment sur cette culture qu’elle aime tant. Elle laissera 4 ouvrages derrière elle, publiés à titre posthume.