Iran. Une répression encouragée, la communauté internationale appelée à réagir

 Iran. Une répression encouragée, la communauté internationale appelée à réagir

Des manifestants iraniens brûlent une poubelle dans la capitale Téhéran lors d’une manifestation pour Mahsa Amini, quelques jours après sa mort en garde à vue, le 21 septembre 2022. AFP

En Iran, la répression violente des manifestants est bien voulue et soutenue par les autorités. Des documents officiels, témoignages et preuves audiovisuelles ont été recueillis par les associations.

 

52 morts et des centaines de blessés. C’est le bilan déjà lourd des manifestations qui secouent l’Iran depuis plus de dix jours. Et il pourrait s’aggraver compte tenu des informations qu’a pu obtenir Amnesty international. L’ONG révèle avoir obtenu des documents prouvant que « la plus haute instance militaire iranienne a donné pour instruction aux commandants des forces armées de toutes les provinces de « confronter sévèrement » » les manifestants. Une perspective inquiétante sachant que toutes les forces aux mains du gouvernement (Gardiens de la révolution, force paramilitaire des Bassidjis, police anti-émeute…) s’opposent déjà aux manifestants en faisant usage d’armes à feu. 

Fin d’un système ?

La mort de Mahsa Amini, jeune Iranienne de 22 ans, le 16 septembre a été le détonateur de ces énormes manifestations. Quelques jours plus tôt, le 13 septembre, elle était arrêtée par la police des mœurs qui veille au respect du port du voile. Après avoir été battue par les policiers, en détention, elle a été plongée dans le coma et ne rouvrira jamais les yeux. 

Bien avant ce drame, les Iraniennes avaient lancé, sur les réseaux sociaux, le mouvement #MyCameraIsMyWeapon, invitant à se photographier sans voile. « Les milieux féministes iraniens ont théorisé la mise en place dans le pays d’un apartheid de genre, c’est-à-dire un système d’inégalité politique, sociale et de discrimination juridique envers les femmes. Et nous sommes en train d’assister à la fin de ce système » explique la chercheuse en anthropologie et spécialiste de l’Iran, Chowra Makaremi.

La communauté internationale doit réagir

De leur côté, les autorités iraniennes pointent certaines violences des manifestants pour justifier leur féroce répression. La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, exhorte la communauté internationale à réagir face aux agissements des forces de l’ordre iraniennes : « Si la communauté internationale ne mène pas une action collective déterminée, qui doit aller au-delà de simples communiqués de condamnation, nombreux sont ceux qui risquent d’être tués, mutilés, torturés, agressés sexuellement ou jetés derrière les barreaux uniquement pour avoir participé à des manifestations ».

Manifestation de solidarité sur la place principale de Cracovie, en Pologne, le 1er octobre 2022, après que Mahsa Amini, une Iranienne kurde de 22 ans, a été brutalement tuée par la police des mœurs de la République islamique pour son manquement présumé aux règles vestimentaires islamiques. Beata Zawrzel / NurPhoto / NurPhoto via AFP