Île-Saint-Denis. Le combat de Rabah pour récupérer sa fille enlevée par sa mère en Thaïlande

 Île-Saint-Denis. Le combat de Rabah pour récupérer sa fille enlevée par sa mère en Thaïlande

Rabah Bouaiche, de l’Île-Saint-Denis, et sa fille Mélissa

Malgré la peine qu’il ressent chaque jour, Rabah Bouaiche ne baisse pas les bras. « Je reste fort pour Mélissa », souffle cet habitant de l’Île-Saint-Denis (93) de 49 ans, séparé de sa fille depuis plus de six mois maintenant.

 

Son calvaire commence en août dernier quand sa femme, une Thaïlandaise de 33 ans, revient en France toute seule, laissant derrière elle leur fille, un petit bout de chou de huit ans.

« Quand ma femme est partie en vacances avec notre fille, je ne me suis pas douté une seconde qu’elle allait laisser Mélissa à sa mère. Elle a pris cette décision sans me consulter, me mettant devant le fait accompli, comme si je n’existais pas », dit la voix calme Rabah, qui s’occupe ici en France à temps plein de ses parents, tous les deux atteints d’Alzheimer.

Scolarisée à l’école Paul Langevin de l’Île-Saint-Denis depuis quatre ans, Mélissa n’était pas présente pour la rentrée de septembre. Un crève-cœur pour son père mais aussi pour les enseignants, étonnés de ne pas voir la bouille de la petite Franco-Thaïlandaise.

« Son père est venu nous voir pour nous raconter ce qui était arrivé. Ça nous a tous choqués, d’autant plus qu’en quatre ans, nous n’avons jamais vu la maman. C’est toujours le papa qui dépose et vient chercher Mélissa à l’école », raconte au Courrier de L’Atlas une des institutrices.

« Ma femme m’a expliqué que Mélissa serait mieux en Thaïlande aux côtés de sa grand-mère. Elle a osé me dire que sans leur fille à leurs côtés, on aurait plus de temps pour travailler, se souvient Rabah. Je lui ai rappelé qu’elle ne s’est jamais occupée de la petite », raille le quasi-quinquagénaire.

Malgré la douleur, ce quasi-quinquagénaire reste calme. « Je garde mes forces pour Mélissa », dit-il simplement. Depuis l’été dernier, Rabah Bouaiche se démène. « J’y pense chaque jour. Chaque jour, je me demande ce que je peux faire pour la faire revenir », lance-t-il déterminé.

Très vite après l’enlèvement de Mélissa par sa mère, il a déposé plainte contre son épouse au commissariat de Saint-Denis pour soustraction d’enfant.

En octobre, il s’est rendu au nord de la Thaïlande pour tenter de convaincre la grand-mère de lui rendre Mélissa. En vain. « Les policiers thaïlandais ont convoqué la mamie mais elle a répondu qu’elle ne faisait que suivre les désirs de sa fille », souffle dépité Rabah qui n’a même pas pu serrer dans ses bras Mélissa.

Le retour en France a été brutal pour Rabah surtout à l’approche des fêtes de fin d’année. « C’était mon premier Noël sans Mélissa », raconte le papa.

Une première victoire…

Dans un jugement du 18 janvier dernier, rendu par le juge des affaires familiales de Bobigny, le papa a obtenu la garde exclusive de Mélissa et la fixation de la résidence de sa fille à son domicile. Une première victoire pour lui.

Le jugement traduit, Rabah a envoyé le document en Thaïlande à un avocat de Bangkok. Ce dernier a saisi la justice du pays. Il espère que les autorités thaïlandaises respecteront les accords bilatéraux qui existent entre les deux pays.

Depuis 2006, la France et la Thaïlande sont liées par la Convention de La Haye sur les aspects civils de l’enlèvement d’enfants. Un texte qui permet d’assurer le retour de l’enfant illicitement déplacé au lieu de sa résidence habituelle.

Rabah a également entamé une procédure de divorce en France. « Je ne pourrais jamais pardonner ce qu’elle a fait. J’imagine dans quel désarroi est plongée ma fille en ce moment. Comme je n’ai plus aucun contact avec elle, Mélissa doit croire que son papa l’a abandonnée », déplore Rabah.

Peu soucieuse des lois en vigueur en France, son épouse ne s’est pas présentée à l’audience diligentée par le juge des affaires familiales en vue d’octroyer la garde de leur fille.

Elle a également snobé les convocations du commissariat de Saint-Denis. « J’attends toujours que la police vienne la chercher à notre domicile afin qu’elle soit mise en examen pour le délit qu’elle a commis« , s’impatiente Rabah.

Le nom de son épouse étant toujours sur le bail, les deux cohabitent comme deux étrangers qui se regardent en chien de faïence, sans échanger le moindre mot. Une situation insupportable pour Rabah. « Je vis avec la personne qui a enlevé ma fille, qui m’a séparé de l’être qui m’est le plus cher, chuchote Rabah. Quand la douleur est trop forte et que les larmes me montent aux yeux, je préfère aller prendre l’air », embraye Rabah.

Il a aussi envoyé plusieurs courriers au ministère des Affaires étrangères en plus des nombreux appels qu’il a passés. Rabah regrette le « manque de soutien » du Quai d’Orsay. « Après plusieurs semaines, ils ont fini par me répondre que ce n’était pas de leur ressort », s’étonne, déçu, Rabah.

C’est aussi pour cette raison qu’il a décidé de solliciter la presse aujourd’hui. « Cela fait six mois que je n’ai pas vu ma fille. J’ai peur que plus le temps passe, moins j’ai de chance de la revoir « , conclut Rabah.

Pour apporter son soutien à Rabah, une cagnotte a été créée.

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