Il y a vingt et un an, Sohane Benziane était brûlée vive
Il y a vingt-un ans jour pour jour, Sohane Benziane, 17 ans, était brûlée vive dans un local à poubelles de la cité Balzac de Vitry (94). Son assassin, Jamal Derrar, 22 ans au moment des faits, a été condamné en 2006 à 25 ans de prison pour « actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Son complice Tony Rocca écope d’une peine de 10 ans de prison.
Le drame remonte au 4 octobre 2002. Ce jour-là, le bruit court dans la cité Balzac que Jamal Derrar, dit « Nono », 19 ans, cherche à se venger d’Issa, le petit copain de Sohane. Quelques jours plus tôt, ce dernier lui a donné une correction devant tous leurs amis. Il s’est donc décidé à s’en prendre à sa petite amie. Jamal Derrar conduit alors Sohane dans un local à poubelles de la cité Balzac de Vitry et l’arrose d’essence.
Selon les témoignages de deux copines de l’adolescente, présentes au moment des faits, Jamal Derrar joue alors avec son briquet, approchant puis éloignant le briquet du visage de Sohane qui finit par prendre feu. Elle décédera deux heures plus tard.
À l’époque, ce crime et ses circonstances particulièrement violentes ont un fort retentissement médiatique et choquent fortement l’opinion publique. La mort de Sohane va provoquer une importante vague de protestation. L’adolescente devient le symbole des souffrances que subissent les jeunes filles qui se battent contre la misogynie dont elles font l’objet.
En février 2003, un groupe de jeunes filles lance « la marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalité ». Parties de Vitry-sur-Seine, elles traversent la France. L’arrivée se fait un mois plus tard à Paris à l’occasion du 8 mars lors d’une manifestation nationale. Près de 30 000 personnes défilent dans les rues de la capitale en soutien à la révolte des femmes des quartiers victimes de la violence machiste, ce qui donnera naissance à l’association Ni putes ni soumises.
Il faudra attendre trois ans après la mort de la jeune femme pour que soit gravée l’inscription « morte brûlée vive » sur une plaque commémorative installée dans la cité Balzac. Aujourd’hui, une esplanade pour le respect et l’égalité porte également le nom de Sohane Benziane à Vitry-sur-Seine.