Il y a vingt ans Sohane Benziane était brûlée vive à Vitry-sur-Seine
C’était il y a vingt ans, mais nous sommes nombreux à ne pas avoir oublié. Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, jeune fille de 17 ans, était brulée vive dans un local à poubelles de la cité Balzac de Vitry (94).
La Ligue du Droit International des Femmes déposera une gerbe de roses blanches ce mardi à 18h à Vitry-sur-Seine, cité Balzac, devant la plaque commémorant la mort de Sohane Benziane.
Ce 4 octobre 2002, le bruit court dans la cité Balzac que Jamal Derrar, dit « Nono », 19 ans, cherche à se venger d’Issa, le petit copain de Sohane. Quelques jours plus tôt, ce dernier lui a donné une correction devant tous leurs amis. Il est donc décidé à s’en prendre à sa petite amie. Jamal Derrar attire alors Sohane dans un local à poubelles avant de l’asperger d’essence.
Selon les témoignages de deux copines de l’adolescente, Jamal Derrar jouait avec son briquet, approchant puis éloignant le briquet du visage de la jeune fille, pour lui faire peur. Mais il ignorait que les vapeurs d’essence pouvaient s’embraser et que la flamme n’avait pas besoin d’être en contact avec Sohane pour la transformer en torche vivante. Elle décédera deux heures plus tard.
En 2006, Jamal Derrar est condamné à 25 ans de prison pour « actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Son complice Tony Rocca écope d’une peine de 10 ans de prison.
À l’époque, ce meurtre et ses circonstances particulièrement violentes ont un fort retentissement médiatique et choquent fortement l’opinion publique. Sohane Benziane devient le symbole des souffrances que subissent les jeunes filles qui se battent contre la misogynie dont elles sont l’objet.
En février 2003, un groupe de jeunes lance « la marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalité ». Partis de Vitry-sur-Seine, ils traversent la France. L’arrivée se fait un mois plus tard à Paris à l’occasion du 8 mars lors d’une manifestation nationale. Près de 30 000 personnes défilent dans les rues de la capitale en soutien à la révolte des femmes des quartiers, victimes de la violence machiste, ce qui donnera naissance à l’association « Ni putes ni soumises ».