Il y a 30 ans, le président algérien Mohamed Boudiaf était assassiné
Le 29 juin 1992, lors d’une conférence diffusée à la télévision, qu’il tient dans la ville d’Annaba, Mohamed Boudiaf, président algérien, est assassiné. « Les autres pays nous ont devancés par la science et la technologie. L’islam … ». Ce fut le dernier mot prononcé par Mohamed Boudiaf.
Une explosion à droite de la tribune où il se tient vient brutalement d’interrompre son discours. Quelques secondes après, il est criblé de balles par un homme en uniforme armé d’une mitraillette.
L’assassin s’appelle Lambareek Boumaarafi, mais demeurent, 30 ans après sa mort, les questions sur les circonstances du meurtre. De nombreux Algériens se demandent encore aujourd’hui qui a pu armer le bras du tueur, trop d’éléments écartant la thèse de l’acte isolé.
« La motivation de son assassinat est toujours sujette à controverse, entre la piste d’une action isolée commise par un élément des services de sécurité ayant des sympathies islamistes et celle d’un complot plus vaste », écrivait déjà le Quotidien d’Oran en 2007.
Rappel des faits
En décembre 1990, ont eu lieu les premières élections libres. A la surprise générale, ce sont les islamistes du Front islamique du salut qui arrivent en tête. Un résultat improbable et impensable pour le pouvoir algérien qui redoute le chaos. Il annule les élections. L’armée qui prend alors le pouvoir, destitue le président. Le régime algérien cherche alors une solution pour faire face à la crise, et le nom de Mohamed Boudiaf apparaît comme une évidence. Le pouvoir rappelle Mohamed Boudiaf de son exil.
Mohamed Boudiaf, héros de l’indépendance, ardent opposant du régime depuis 1962, a toujours gardé son intégrité. Il coche toutes les cases veut croire le régime.
Né en 1919, soldat dans l’armée française, Boudiaf combat notamment à Monte Cassino. Dans les années 50, il est un des leaders de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. A ce titre, il fait partie des chefs du FLN arrêtés par l’armée française en 1956.
Dans les prisons françaises, il devient ministre puis vice-président du Gouvernement provisoire de la République algérienne. Il est libéré en mars 1962 après les accords d’Evian. Partisan d’un régime démocratique, il est rapidement mis sur la touche par le pouvoir algérien et après une arrestation, il doit s’exiler.
C’est donc en héros qu’il revient en Algérie en 1992. Le temps a passé, pas l’homme, son intégrité est la même. « Aux millions d’Algériens, il annoncera, dès ses premières interventions, sa revendication d’une Algérie démocratique et plurielle, tournée vers la modernité et son engagement à lutter implacablement contre la corruption qui gangrenait l’Etat », rappelait le Quotidien d’Oran. Le 29 juin 1992, Mohamed Boudiaf est assassiné. Eliminé.
En 2016, Nacer Boudiaf, son fils accusait le haut commandement militaire. Larbi Belkhir, le général Toufik, le général-major Khaled Nezzar et le général-major Smain Lamari d’être les commanditaires de l’assassinat de son père. « Larbi Belkheir, Toufik, Khaled Nezzar et Smaïn Lamari sont les quatre commanditaires de l’assassinat de Boudiaf. Le dernier, Lamari, était l’exécuteur de la mission. Mohamed Boudiaf les dérangeait car ses objectifs étaient clairs : l’élimination des mafias, la sauvegarde de l’Algérie et la démocratisation du système. Chose qu’ils n’ont jamais acceptée ! », déclarait-il alors.
30 ans après, le mystère de sa mort reste entier.