Il y a 26 ans, Brahim Bouarram était tué par des militants du Front national
Le temps passe, mais pour les proches de Brahim Bouarram, mort noyé et tué par des militants du Front national le 1er mai 1995, la douleur ne s’efface pas.
« J’étais tout petit quand le drame est arrivé mais je m’en souviens encore. Et je m’en souviendrai toute ma vie », nous avait confié il y a quelques temps Said, le fils de Brahim, qui n’avait que 9 ans au moment de la mort de son père.
Il y a 26 ans jour pour jour, le 1er mai 1995, vers 11h30, sur le pont du Carrousel du Louvre, trois skinheads, venus manifester aux côtés du Front national pour l’hommage annuel à Jeanne d’Arc, se dirigent en courant vers les quais de Seine.
Brahim Bouarram profite d’une journée ensoleillée sous le pont du Carrousel à Paris. Il marche tranquillement sur les berges. Les militants du Front national l’aperçoivent : trois d’entre eux agressent Brahim avant de le jeter dans la Seine. En quelques minutes, tout est plié. Brahim Bouarram, un épicier, papa de deux enfants, meurt quelques minutes plus tard, noyé.
>> Lire aussi : Emmanuel Macron rend hommage à Brahim Bouarram
Le FN impliqué dans plusieurs affaires
Un assassinat qui intervient quelques mois après celui d’Ibrahim Ali, un jeune de 17 ans, abattu dans le dos à Marseille le 22 février 1995, d’une balle de calibre 22 long rifle, tirée par un colleur d’affiche du FN. À une semaine du deuxième tour de l’élection présidentielle de 1995, le meurtre a eu un retentissement national.
Deux jours plus tard, le président sortant, François Mitterrand, rend hommage à la victime en jetant un brin de muguet dans la Seine, à l’endroit ou Brahim Bouarram s’est noyé. Ce même jour, une manifestation réunit 12.000 personnes contre le racisme.
Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national déclare peu après : « Je regrette qu’un malheureux se soit noyé, mais dans une agglomération de 10 millions d’habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté.«
« Plus d’un quart de siècle après, à des fins de détournement des colères sociales, les mêmes politiques de construction d’un bouc émissaire désigné, sont toujours à l’œuvre. Le recours à la stigmatisation des quartiers populaires et de l’immigration, aux discours islamophobes, n’est en rien une réponse à la paupérisation et au déclassement social d’une majorité de la population« , a tenu à rappeler ce samedi 1er mai dans un communiqué la Ligue des Droits de l’homme (LDH).